Cérémonie du 30 juin 2018

Le « cercueil » a été préparé le 21 Juin 2018 à la Chambre Mortuaire du CHRU de Lille. Les corps des enfants mort-nés ont été déposés dans le cercueil. Chacun a été enveloppé dans un drap blanc, et accompagné des doudous, fleurs et peluches confiés par leurs parents et leurs proches.
La crémation a eu lieu le 22 Juin 2018 au crématorium d’HERLIES.Ce samedi 30 juin au matin, 38 personnes se sont réunies au crématorium d’Herlies pour la cérémonie organisée par l’association Nos Tout-Petits et le crématorium communautaire, en hommage aux tout-petits dont le corps avait fait l’objet, la veille, d’une crémation.
La salle de cérémonie avait été gracieusement mise à notre disposition par la Communauté Urbaine de LILLE.

Maryse, vice-présidente, a pris la parole pour débuter cette rencontre :

« Nous sommes réunis, ce samedi 30 juin 2018, pour célébrer ensemble une cérémonie d’adieu à l’intention de 32 tout-petits dont les corps ont fait l’objet vendredi 22 juin dernier d’une crémation. 

Les bénévoles d’accompagnement de l’association Nos Tout-Petits : Caroline, Huguette, Ingrid et Maryse, eux-mêmes parents endeuillés, bénévoles ou grands-parents, les professionnels du crématorium d’Herlies, vous accompagnent, vous parents et proches de ces tout-petits pour leur ultime passage : Angel, Camélia, Gabriel, Johnny, Léon, Léonard, Maël, Maëllys, Margaux, Mélissa, Mila, Rachel, Samuel, Thaïs, … tous les autres qui n’ont pu être prénommés et en pensées avec Lilou, Ethan, Gabrielle et Emile tout-petits des bénévoles présents. »

« A vous, nos tout-petits,
Vous qui n’avez pas vécu et qui n’avez pas connu notre monde
Pour votre dernier adieu,
Nous nous sommes déplacés pour vous accompagner.
Nous avons pris soin de vous, chacun de notre place et à notre manière
Vous êtes partis entourés des objets (peluches, photos, mot d’amour, doudous, rose blanche…) remis par vos parents et vos proches et déposés près de vous
Nous sommes là pour vous dire adieu, au nom de notre commune humanité
Pour que vos départs s’inscrivent dans nos vies,
Chacun vous avez une place unique, singulière, particulière dans nos cœurs,
Symbolisée par ces petites lumières. »

Caroline, bénévole, a ensuite lu le texte « Au bord du vide» de P.ELuard

Nous voici aujourd’hui au bord du vide
Puisque nous cherchons partout le visage
que nous avons perdu.
Il était notre avenir et nous avons perdu notre avenir.
Il était des nôtres et nous avons perdu
cette part de nous-mêmes.
Il nous questionnait et nous avons perdu sa question.
Nous voici seuls, nos lèvres serrées sur nos pourquoi.
Nous sommes venus ici chercher,
chercher quelque chose ou quelqu’un.
Chercher cet amour plus fort que la mort.

Puis ce fut la chanson : « Tu es partie» de Gérard Darmon

Le texte : « Toi» de P. E. Thomèse Extrait de « L’enfant Ombre » lu par Huguette

Toi,…, tu étais le meilleur autre que j’eusse pu souhaiter.
Je n’avais plus besoin de t’imaginer, je t’avais toi.
Les plus belles vies t’attendaient, prêtes à porter.
Je te les avais préparées moi-même,
dans l’espoir qu’un jour elles seraient à ta taille …
Il fallait bien que je t’imagine.
Je continue à t’imaginer, je n’y peux rien,
Je ne peux tout de même pas cesser d’un coup de penser à toi ?
Je pense à toi, je te pense.
Tu es restée trop jeune pour pouvoir jamais t’éloigner de moi
et t’inventer toi- même.
…Jamais tu ne pourras te libérer de mes pensées.
Je te sais pour toujours ici,
dans les coulisses de notre théâtre familial.

Sur une musique de Yann Tiersen « Sur le fil » chaque parent a été invité à venir chercher un lumignon et l’allumer à la flamme de la bougie qui symbolise cette place singulière qu’a chaque tout-petit pour nous. Ensemble, nous nous sommes recueillis autour de cette présence.

A été lu ensuite le texte « A toi notre petit ange Maël », lu par sa maman :

Et encore aujourd’hui, c’est difficile,
Pas un seul jour sans que je ne pense à toi.
Nous sommes réunis pour ton dernier au revoir.
J’aurais aimé te garder,
Près de moi si j’avais pu.
Mais le destin en a décidé autrement,
Et j’ai dû te laisser t’envoler.
Toi mon Maël bien aimé,
Tu nous manques tellement,
Tu es le plus beau des bébés,
Tu vis en nous pour toujours.
Jamais je ne cesserai de t’aimer.

Au revoir mon bébé, ta maman.

Le poème suivant écrit par ses mamans est dédié à Johnny « Poème pour Johnny »

Mon petit,
les dieux, ou je ne sais qui
t’ont injustement maudit
toi, mon innocent petit chéri
qui n’avait pourtant rien fait encore
pour mériter cet horrible sort
Nous pardonneras-tu d’avoir eu à faire ce choix
qui, à jamais nous hantera.
La vie ne t’a pas souri
mais sache que, plus que tout, on te chérit
Ici, au paradis ou ailleurs
tes parents te porteront toujours dans leur coeur
Ton absence est une immense blessure
que rien ne compense ni ne rassure
Mais on va se battre pour retrouver le goût de la vie,
pour toi, mon petit Johnny,
pour toi qui,
à jamais sera le premier de la fratrie.

S’en est suivi la lecture de « Des étoiles qui savent rire» d’Antoine de Saint-Exupéry, lu par Ingrid

« Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes.
Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides,
Pour d’autres, elles ne sont rien d’autre que de petites lumières.
Pour d’autres qui sont savants, elles sont des problèmes.
Pour mon businessman, elles étaient de l’or.
Mais toutes ces étoiles là se taisent.

Toi, tu auras des étoiles
comme personne n’en a…quand tu regarderas le ciel, la nuit,
puisque j’habiterai dans l’une d’elles,
puisque je rirai dans l’une d’elles,
Alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles.
Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire ! »

Ce fut ensuite la musique de Lynda Lemay « Pas de mots » suivi de la lecture de Maryse « la vie s’apparente à la mer » (extrait de « Juste avant le bonheur » d’Agnès Leydig)

La vie s’apparente à la mer.
Il y a le bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’après, quand elles se retirent.
Deux mouvements qui se croisent et s’entrecoupent sans discontinuer.
L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent.
Vous aimeriez vous retirer, dans le même silence des vagues, partir discrètement, vous faire oublier de la vie.
Mais d’autres vagues arrivent, et arriveront encore et toujours.
Parce que c’est ça la vie…
C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempête, et le doux clapotis quand tout est calme.
Mais le clapotis quand même.
Un bord de mer n’est jamais silencieux, jamais.
La vie non plus, ni la vôtre, ni la mienne.
Il y a les grains de sable exposés aux remous et ceux protégés en haut de la plage. Lesquels envier ?
Ce n’est pas avec le sable d’en haut, sec et lisse, que l’on construit les châteaux de sable, c’est avec celui qui fraye avec les vagues (…).
Vous arriverez à reconstruire votre château de vie, parce que la tempête vous a rendu solide.
Et ce château, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les déferlantes de la vie, parce qu’avec eux, le ciment est solide. »

Après une dernière chanson : « Aimer ce qui s’enfuit» de Jean Louis Aubert, les parents et proches, comme geste d’adieu et ultime regard, ont été invités à aller déposer les fleurs à la stèle « Nos Tout-Petits » afin d’inscrire ce moment et ce lieu dans leurs cœurs et leurs mémoires.

Devant la stèle, Maryse a lu « Les empreintes des pas des enfants » de Dorine Sexton (in Grieving the child I never knew)

Certains enfants ne font qu’un bref passage dans nos vies.
D’autres restent quelques temps.
Tous nos enfants laissent dans nos vies l’empreinte de leurs pas.
Certaines, oh, si petites,
D’autres un peu plus grandes,
D’autres encore plus grandes.
Mais tous laissent l’empreinte de leurs pas dans nos vies,
dans nos cœurs.
Et nous ne serons jamais plus les mêmes.

Nous avons clos cette rencontre par un moment de convivialité.