Cérémonie du 30 janvier 2016

Le « cercueil » a été préparé le 28 janvier 2016 à la Chambre Mortuaire du CHRU de Lille. Les corps des enfants mort-nés ont été déposés dans le cercueil. Chacun a été enveloppé dans un drap blanc, et accompagné des doudous, fleurs et peluches confiés par leurs parents et leurs proches.

La crémation a eu lieu le 29 janvier au crématorium d’HERLIES.salle

Ce samedi 30 Janvier au matin, près d’une cinquantaine de personnes se sont réunies au crématorium d’Herlies pour la cérémonie organisée par l’association Nos Tout-Petits et le crématorium communautaire, en hommage aux tout-petits dont le corps avait fait l’objet, la veille, d’une crémation.

La salle de cérémonie avait été gracieusement mise à notre disposition par la Communauté Urbaine de LILLE.

La présidente de l’association, Maryse DUMOULIN, a pris la parole pour débuter cette rencontre :

Nous sommes réunis, ce samedi 30 Janvier 2016, pour célébrer ensemble une cérémonie d’adieu à l’intention de 40 tout-petits dont les corps ont fait l’objet hier d’une crémation.

Les bénévoles d’accompagnement de l’association Nos Tout-Petits (Agnès, Caroline, David, Lucile et Maryse), eux-mêmes parents, grands-parents endeuillés ou professionnels de périnatalité, les professionnels du crématorium d’Herlies, vous accompagnent, vous parents et proches de ces tout-petits pour leur ultime passage : Aaron, Ange, Célestine, Hugo, Inaya, Jules, Lyam, Lina, Maëline, Margot, Nathan, Timothé, Tony et tous les autres qui n’ont pu être prénommés en pensées avec Alice, Lilou, Emile, Victorine, enfants et petits-enfants des bénévoles présents.

Livret“A vous, nos tout-petits,

Vous qui n’avez pas vécu et qui n’avez pas connu notre monde

Pour votre dernier adieu,

Nous nous sommes déplacés pour vous accompagner.

Nous avons pris soin de vous, chacun de notre place et à notre manière.

Vous êtes partis entourés des objets (peluches, photos, mot d’amour, doudous, rose blanche…) remis par vos parents et vos proches et déposés près de vous.

Nous sommes là pour vous dire adieu, au nom de notre commune humanité

Pour que vos départs s’inscrivent dans nos vies,

Chacun vous avez une place unique, singulière, particulière dans nos cœurs,

Symbolisée par ces petites lumières.”

tableLucile, bénévole, a ensuite lu le texte « Qui es-tu ? » extrait de l’enfant ombre de P.E.Thomèse :

“Tu t’es retirée du monde pour te confier de nouveau à nous.

Ce que tu as délaissé, c’est un avenir qui n’advient plus à personne, une vie inhabitée qui existera toujours sans jamais laisser la moindre trace.

Apparue sans laisser de trace.

Désormais le monde se compose de lieux où tu n’es pas, le temps, de moments passés sans toi.

Notre monde est devenu un monde intérieur. C’est là que nous conservons ce qui, à l’extérieur, n’a plus droit à l’existence.

(…)

Ce que nous cherchons ne se trouve plus que dans nos pensées, et non dans le monde qui nous entoure.

(….)

Le silence crie que tu es encore là, le vide te cache dans chaque espace libre.

Tu n’es nulle part, car tu es partout.”

Puis ce fut la chanson : « Les Mains Vides » de Lynda Lemay

Le texte : « Où es-tu petit Ange » de Thomèse a ensuite été lu par Caroline

“Toi,…, tu étais le meilleur autre que j’eusse pu souhaiter.

Je n’avais plus besoin de t’imaginer, je t’avais toi.

Les plus belles vies t’attendaient, prêtes à porter.

Je te les avais préparées moi-même,

dans l’espoir qu’un jour elles seraient à ta taille …

Il fallait bien que je t’imagine.

Je continue à t’imaginer, je n’y peux rien,

Je ne peux tout de même pas cesser d’un coup de penser à toi ?

Je pense à toi, je te pense.

Tu es restée trop jeune pour pouvoir jamais t’éloigner de moi

et t’inventer toi- même.

Jamais tu ne pourras te libérer de mes pensées.

Je te sais pour toujours ici,

dans les coulisses de notre théâtre familial.”

P.E. ThomèseExtrait de « L’enfant ombre »

Sur une musique de Saint Saens «Le cygne», extrait du carnaval des animaux, chaque parent a été invité à venir chercher un lumignon et l’allumer à la flamme de la bougie qui symbolise cette place singulière qu’a chaque tout-petit pour nous.

Ensemble, nous nous sommes recueillis autour de cette présence.

salle2David a ensuite lu le texte « Fonder un nouveau départ » de Geneviève Jurgensen :

“Les parents d’enfants morts le savent bien : devenir l’éducateur d’un enfant disparu sera le travail de toute leur vie.
Ils devront lui aménager sa juste place dans la famille, le laisser évoluer en eux, lui qui ne grandit plus mais grandit quand même.

Ils devront, comme l’on devient parent d’un tout-petit, puis d’un écolier, puis d’un adolescent, ils devront devenir parents d’un enfant mort.

Eux qui avaient peut-être trois, quatre enfants, auront toujours ces enfants-là, le petit, le moyen, le grand, le mort.

Les relations parents-enfants continuent avec eux tous.

Il y a simplement moins de gens pour vous montrer la voie, et chacun sait qu’il doit tout inventer. Puiser en lui-même, puiser dans le bonheur entrevu ou accompli, les forces et la manière de fonder un nouveau départ avec les enfants qui ne seront plus jamais là.”

Ont suivi la chanson « Evidemment» de France Gall puis un texte :« J’aurais pu » de Sabine, lu par Agnès :

“Après ton départ, j’aurais pu continuer à me lever tous les matins, le chagrin me torturant le ventre, et les larmes me clouant au sol…

J’aurais pu m’enfuir au fin fond du désert et m’y laisser ensevelir…

J’aurais pu tout casser, cracher ma douleur à la face du monde entier, qui ne s’en serait pas trouvé altéré pour autant…

J’aurais pu m’endormir sur ta tombe et laisser le temps s’écouler lentement…

J’ai pensé faire tout cela…

Et puis, j’ai redressé la tête. J’ai cherché la couleur de tes yeux au travers de la couleur de l’Arc-en-ciel ;

J’ai vu la lumière de ton sourire au travers des rayons du soleil ;

J’ai senti la chaleur de ta petite main sur ma joue grâce au vent chaud de l’été soufflant sur mon visage ;

Et j’ai gardé, tout au fond de mon cœur, et pour toujours, ta présence qui me donne cette force d’avancer, de sourire aux miens et à la vie, et de prononcer ton prénom au quotidien.”

Après une dernière chanson : « Confidentiel » de J.J.Goldmann, les parents et proches, comme geste d’adieu et ultime regard, ont été invités à aller déposer les fleurs à la stèle « Nos Tout-Petits » afin d’inscrire ce moment et ce lieu dans leurs cœurs et leurs mémoires.

Devant la stèle, Maryse a lu « Dans mon petit coeur » d’Orianne Lallemand

“L’amour, c’est un visage

Qu’on garde au fond du cœur,

Une voix familière

Dans le creux de l’oreille,

Quelqu’un qu’on a aimé,

Quelqu’un qui est parti

Pour le ciel, loin d’ici

C’est quelqu’un qui nous manque

A chaque heure de la vie.

L’amour, c’est se souvenir

De cette personne aimée

Et se dire qu’elle est là,

Pas très loin, quelque part

Et qu’elle peut nous voir

Et qu’elle veille sur nous

Quand on a le cafard

Ou qu’on est heureux.

L’amour, c’est un au revoir,

Et jamais un adieu.”

steleNous avons clos cette rencontre par un moment de convivialité.

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