Préparation du « cercueil » le 20 juin 2014 à la Chambre Mortuaire du CHRU de Lille. La crémation a eu lieu le 20 juin 2014 au crématorium d’Herlies.
Ce samedi 28 juin au matin, des personnes se sont réunies au crématorium d’Herlies pour la cérémonie organisée par l’association Nos Tout-Petits et le crématorium communautaire, en hommage aux tout-petits dont le corps avait fait l’objet la veille d’une crémation. La salle de cérémonie avait été gracieusement mise à notre disposition par la Communauté Urbaine de LILLE.
Dans la salle, les bénévoles avaient préparé une table sur laquelle était installée une grosse bougie allumée représentant la place singulière qu’a, chaque tout-petit, pour nous.
La secrétaire générale de l’association, Agnès Dezitter, a alors pris la parole pour débuter cette rencontre :
“Nous sommes réunis, ce samedi 21 juin 2014, pour célébrer ensemble une cérémonie d’adieu à l’intention de 25 tout-petits dont les corps ont fait l’objet hier d’une crémation.”
“Les bénévoles d’accompagnement de l’association Nos Tout-Petits (Agnès, Amélie, Cécile, David et Isabelle), eux-mêmes parents endeuillés ou soignants de périnatalité, les professionnels du crématorium d’Herlies, vous accompagnent, vous parents et proches de ces tout-petits pour leur ultime passage : Allisson, Athénaïs, Baselène, Céline, Inaya, Jessica, Léna, Léo, Lily-Rose, Maxwell Junior, Océane, Sarah, Stéphanie et tous les autres qui n’ont pu être prénommés et en pensées avec Alice, Emmeline, Ella, Louis, tout-petits des bénévoles présents.”
“A vous, nos tout-petits,
Vous qui n’avez pas vécu et qui n’avez pas connu notre monde
Pour votre dernier adieu,
Nous nous sommes déplacés pour vous accompagner.
Nous avons pris soin de vous, chacun de notre place et à notre manière
Vous êtes partis entourés des objets (peluches, photos, mot d’amour, doudous, rose blanche…) remis par vos parents et vos proches et déposés près de vous
Nous sommes là pour vous dire adieu, au nom de notre commune humanité
Pour que vos départs s’inscrivent dans nos vies,
Chacun vous avez une place unique, singulière, particulière dans nos cœurs,
Symbolisée par ces petites lumières.”
Cécile, bénévole, a ensuite lu le texte « Tu ne verras jamais le soleil » (Anonyme)
“Tu as été envoyé pour être bercé dans nos bras
Mais tu es né trop petit pour vivre aujourd’hui
Tes mains, pieds et oreilles étaient pourtant si parfaits
Maman et papa ont partagé leurs rêves
Nous t’avons pris dans nos bras, notre tout petit
Pour comprendre que nos rêves se sont envolés
Tu ne pourras jamais sentir les fleurs, ni entendre la pluie
Tu ne pourras jamais chasser les papillons ni rire aux éclats
Tu ne verras jamais le soleil
Au revoir, notre tout petit”
Puis ce fut la chanson : « J’t’ai pas entendu » (Lynda Lemay)
Des Citations (Mitsuo Aïda, Henri Gougaud, Théophile Gautier) ont ensuite été lues par Amélie.
“Tu n’as pas besoin de faire semblant d’être fort
Tu n’as pas à toujours prouver que tout va bien.
Tu ne dois pas te préoccuper de ce que les autres pensent.
Pleure si c’est nécessaire
Il est bon de pleurer jusqu’à la dernière larme.
Alors seulement tu pourras sourire de nouveau”
Mitsuo Aida (1924-1991)
“Il y a ce qui passe,
Et puis ce qui demeure.
Il y a ce qui s’efface
Et ce qui jamais ne meurt.”
“L’existence passagère des êtres importe peu
Seul compte le chant ténu, parfois pénétrant et fort
Que laisse derrière eux leur traversée du monde.”
Henri Gougaud
“Rien ne meurt, tout existe toujours
Nulle force ne peut anéantir ce qui fut une fois.”
Théophile Gautier
Sur la chanson de « Tears in heaven » d’Eric Clapton, chaque personne a été invitée à venir chercher un lumignon et l’allumer à la flamme de la bougie qui symbolise cette place singulière qu’a chaque tout-petit pour nous. Ensemble, nous nous sommes recueillis autour de cette présence.
Chacun des 25 bébés était représenté par un lumignon.
Isabelle a ensuite lu le Texte « Vivre » de Georges Chelon
“C’est pas aussi facile qu’on le croit au premier abord.
Ça demande du temps, beaucoup de patience et d’efforts.
Un jour, on dit: “Ça y est”, mais l’heure qui suit encore vous laisse
En pleine détresse.Une fois remis de ce coup reçu en plein cœur,
L’anesthésie de la douleur s’estompe et c’est la peur
De tout ce temps qui s’offre à vous, dont vous n’avez que faire.
Vous êtes orphelin, vous êtes seul sur terre.
Et la vie n’a plus envie de vivre.
Rien ne peut lui faire croire au bonheur.Pourquoi être ici plutôt qu’ailleurs?
Pourquoi doit-on vivre le pire
Parce qu’on a connu le meilleur?Et puis, le temps aidant, les bons amis, les connaissances
Nouvelles font que, petit à petit, le silence
Se brise et qu’entre deux pointes au cœur… l’espace
Prend de plus en plus de place.
Je ne dis pas que l’on oublie, je dis qu’on fait peau neuve.
On garde ancré en soi tout son passé, comme la preuve
Que l’on a aimé, qu’on a donné, qu’on a souffert.
Qu’on n’est pas seul sur terre…Et la vie a des envies de vivre,
De sortir la tête hors de l’eau,
De reprendre pied sur la rive,
De redresser enfin le dos.”
Ont suivi la chanson « J’t’aimais tellement » (Michel Jonasz) puis un texte « Puisque tu me vois d’en haut » (d’après Miss Dominique) lu par David :
“J’ai vu comme un arc-en-ciel
Il s’est juste posé à chacun de mes côtés
J’ai senti une étincelle
Elle s’est juste échappée (…)Souvent quand je lève la tête
dans mes jours de peine,
Je cherche ta lumière puisque tu me vois d’en haut (…)J’ai été comme transportée
par le vent qui passait son chemin un jour d’été
Je viens juste de remarquer ce que tu as laissé
près de moi pour m’entourer
Je n’ai qu’à joindre les mains, me dire que tout va bien
Et tout semble plus clair puisque tu le vois d’en haut
Je n’ai qu’à agir au mieux dans tout ce que je peux (…)
Toi qui me connais plus que moi-même, dis-moi où tu es
Je voudrais tellement être à tes côtés
J’espère quand je lève la tête dans mes jours de peine
que même ici sur terre, toi tu peux me voir d’en haut (…)”
Après une dernière chanson : « Ta Main » (Grégoire), Isabelle a lu le texte de la Maman de Léna, spécialement composé pour cette cérémonie :
“A ma douce Léna,
Il y a un an, j’ai appris qu’en moi je portais la vie, cette nouvelle nous a ravis.
Les mois passèrent et voilà que tu me faisais sentir ta présence. Te sentir bouger m’apportait un tel bonheur.
Je t’aimais déjà si fort, tu étais devenue ma vie, notre futur.
Tu as rejoint les étoiles, j’aime les contempler car en elles je vois la beauté que tu aurais dû porter ; en elles, je me sens à tes côtés.
Quand une étoile brille, je sais que c’est toi, que tu nous dis que tout va bien pour toi, que tu as grandi, que tu seras toujours en nous.
Lorsqu’on me parle de toi et que je pleure, ce n’est pas que l’on m’a blessée mais c’est parce que tu me manques. Grâce à toi, j’ai pu connaître ce qu’était l’amour d’une mère pour son enfant. On ne devient pas parents à la naissance de notre enfant mais dès le moment où un petit trésor grandit en nous.
Il y a six mois que tu nous as quittés, nous avons dû continuer à avancer malgré tout.Je te garderai pour toujours dans mon cœur.
Aujourd’hui je peux enfin te rendre hommage, je sais que tu veilleras à jamais sur nous. Je tenais à souhaiter beaucoup de courage aux parents présents qui, comme nous, doivent affronter cette terrible épreuve. Toutes mes pensées sont pour ma fille et vos petits anges, qu’ils reposent en paix.
Nous t’aimerons tous les jours de notre vie,
Adieu Léna.”
Afin d’inscrire ce moment et ce lieu dans les cœurs et les mémoires, les familles présentes se sont ensuite rendues à la stèle Nos Tout-Petits, comme geste d’adieu et ultime regard.
Devant cette stèle, Agnès a lu « Les empreintes de pas de nos enfants » (Doreen Sexton)
“Certains enfants ne font qu’un bref passage dans nos vies.
D’autres restent quelques temps.
Tous nos enfants laissent dans nos vies l’empreinte de leurs pas.
Certaines, oh, si petites,
D’autres un peu plus grandes,
D’autres encore plus grandes.
Mais tous laissent l’empreinte de leurs pas dans nos vies,
dans nos cœurs.
Et nous ne serons jamais plus les mêmes.”
Nous avons clos cette rencontre par un moment de convivialité.