Cérémonie du 10 décembre 2016

Les corps des enfants mort-nés ont été déposés dans un cercueil à la Chambre Mortuaire du CHRU de Lille. Chacun a été enveloppé dans un drap blanc, et accompagné des doudous, fleurs et peluches confiés par leurs parents et leurs proches. La crémation a eu lieu le 9 décembre au crématorium d’HERLIES.
1Ce samedi 10 décembre au matin, près d’une trentaine de personnes se sont réunies au crématorium d’Herlies pour la cérémonie organisée par l’association Nos Tout-Petits et le crématorium communautaire, en hommage aux tout-petits dont le corps avait fait l’objet la veille, d’une crémation.
La salle de cérémonie avait été gracieusement mise à notre disposition par la Communauté Urbaine de LILLE.
La présidente de l’association, Maryse DUMOULIN, a pris la parole pour débuter cette rencontre : 2Nous sommes réunis, ce samedi 10 décembre 2016, pour célébrer ensemble une cérémonie d’adieu à l’intention de 39 tout-petits dont les corps ont fait l’objet hier d’une crémation.
Les bénévoles d’accompagnement de l’association Nos Tout-Petits (Agnès, Huguette, Isabelle, Laurie, et Maryse), eux-mêmes parents endeuillés ou soignants de périnatalité, les professionnels du crématorium d’Herlies, vous accompagnent, vous parents et proches de ces tout-petits pour leur ultime passage : Eden (2), Emma, Gabriel, Grâce, Hélène, Julia, Lorenzo, Maxime, Mila, Noam, Rose …….tous les autres qui n’ont pu être prénommés et en pensées avec Alice, Clément, Emile, Ethan et Victor, tout-petits des bénévoles présents. »

« A vous, nos tout-petits,
Vous qui n’avez pas vécu et qui n’avez pas connu notre monde
Pour votre dernier adieu,
Nous nous sommes déplacés pour vous accompagner.
Nous avons pris soin de vous, chacun de notre place et à notre manière
Vous êtes partis entourés des objets (peluches, photos, mot d’amour, doudous, rose blanche…) remis par vos parents et vos proches et déposés près de vous
Nous sommes là pour vous dire adieu, au nom de notre commune humanité
Pour que vos départs s’inscrivent dans nos vies,
Chacun vous avez une place unique, singulière, particulière dans nos cœurs,
Symbolisée par ces petites lumières. »

Huguette, bénévole, a ensuite lu le texte « Au bord du vide » ? de Paul Eluard

« Nous voici aujourd’hui au bord du vide
Puisque nous cherchons partout le visage
que nous avons perdu.

Il était notre avenir et nous avons perdu notre avenir.
Il était des nôtres et nous avons perdu
cette part de nous-mêmes.
Il nous questionnait et nous avons perdu sa question.

Nous voici seuls, nos lèvres serrées sur nos pourquoi.
Nous sommes venus ici chercher,
chercher quelque chose ou quelqu’un.
Chercher cet amour plus fort que la mort. »

Puis ce fut la chanson : « Tu es parti(e) » de Gérard Darmon.
Le texte : « Toi » de P. E. Thomèse, Extrait de « L’enfant Ombre » a ensuite été lu par Agnès

« Toi,…, tu étais le meilleur autre que j’eusse pu souhaiter.
Je n’avais plus besoin de t’imaginer, je t’avais toi.
Les plus belles vies t’attendaient, prêtes à porter.
Je te les avais préparées moi-même,
dans l’espoir qu’un jour elles seraient à ta taille …
Il fallait bien que je t’imagine.
Je continue à t’imaginer, je n’y peux rien,
Je ne peux tout de même pas cesser d’un coup de penser à toi ?
Je pense à toi, je te pense.
Tu es restée trop jeune pour pouvoir jamais t’éloigner de moi
et t’inventer toi- même.
… Jamais tu ne pourras te libérer de mes pensées.
Je te sais pour toujours ici,
dans les coulisses de notre théâtre familial. »

Sur une musique « Tears in heaven » d’Eric Clapton chaque parent a été invité à venir chercher un lumignon et l’allumer à la flamme de la bougie qui symbolise cette place singulière qu’a chaque tout-petit pour nous. Ensemble, nous nous sommes recueillis autour de cette présence.
Ont été lus ensuite des textes préparés par des parents :

« Ma petite étoile,
Le 4 août fût une journée bien douloureuse pour nous.
C’est le jour où nous t’avons vu naître
Et celui où nous avons dû te dire au revoir à jamais.
Cependant, nous avons passé quelques minutes de bonheur avec toi
Lorsque nous t’avons tenu dans nos bras.
Nous devenions des parents, tes parents!
Nous t’avons trouvé magnifique et si beau
Dans ce petit bonnet que nous t’avions acheté.
Aujourd’hui tu montes rejoindre les grandes étoiles.
Tu seras toujours dans notre tête et notre cœur.
Nous devions veiller sur toi,
Aujourd’hui c’est toi qui veille sur nous.
Ta Maman et ton Papa. »

« Lettre des parents d’Hélène
Hélène, ma douce Hélène, ma toute petite Hélène,
Beaucoup d’émotions ont rythmé ces quelques mois passés dans l’espoir de t’accueillir au sein de la famille … des larmes de joie à l’annonce de cette grossesse mais aussi et surtout des larmes de tristesse à l’annonce de ton départ.
L’immense bonheur de te porter dans mon ventre a été anéanti le jour où la nature t’a arrachée à moi …
Je ne suis depuis, plus tout à fait la même …
Une partie de moi s’en est allée, une autre t’accompagne aujourd’hui vers les cieux …
Puisses-tu y rejoindre paisiblement tes frères et sœurs dans les étoiles, briller de mille feux et rayonner de ta lumière sur moi, sur Papa et sur ton grand frère Clarence. A tout jamais Hélène, ma toute petite Hélène, nous t’aimons.
Maman et Papa. »

Isabelle a ensuite lu le texte « Des étoiles qui savent rire » d’Antoine de Saint Exupéry :

« Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes.
Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides,
Pour d’autres, elles ne sont rien d’autre que de petites lumières.
Pour d’autres qui sont savants, elles sont des problèmes.
Pour mon businessman, elles étaient de l’or.
Mais toutes ces étoiles-là se taisent.
Toi, tu auras des étoiles
comme personne n’en a…quand tu regarderas le ciel, la nuit,
puisque j’habiterai dans l’une d’elles,
puisque je rirai dans l’une d’elles,
Alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles.
Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire ! »

Ont suivi la chanson « Pas de mots» de Lynda Lemay puis un texte : « Fonder un nouveau départ» de Geneviève Jurgensen, lu par Huguette.

« Les parents d’enfants morts le savent bien : devenir l’éducateur d’un enfant disparu sera le travail de toute leur vie.
Ils devront lui aménager sa juste place dans la famille,
le laisser évoluer en eux, lui qui ne grandit plus
mais grandit quand même.
Ils devront, comme l’on devient parent d’un tout-petit,
puis d’un écolier, puis d’un adolescent,
ils devront devenir parents d’un enfant mort.
Eux qui avaient peut-être trois, quatre enfants, auront toujours ces enfants-là, le petit, le moyen, le grand, le mort.
Les relations parents-enfants continuent avec eux tous.
Il y a simplement moins de gens pour vous montrer la voie,
et chacun sait qu’il doit tout inventer.
Puiser en lui-même,
puiser dans le bonheur entrevu ou accompli,
les forces et la manière de fonder un nouveau départ
avec les enfants qui ne seront plus jamais là. »

Après une dernière chanson : « Petite flamme » d’Hélène Ségara, les parents et proches, comme geste d’adieu et ultime regard, ont été invités à aller déposer les fleurs à la stèle « Nos Tout-Petits » afin d’inscrire ce moment et ce lieu dans leurs cœurs et leurs mémoires.
3Devant la stèle, Maryse a lu « Les empreintes des pas des enfants » de Dorine Sexton (in Grieving the child I never knew)

« Certains enfants ne font qu’un bref passage dans nos vies.
D’autres restent quelques temps.
Tous nos enfants laissent dans nos vies l’empreinte de leurs pas.
Certaines, oh, si petites,
D’autres un peu plus grandes,
D’autres encore plus grandes.
Mais tous laissent l’empreinte de leurs pas dans nos vies,
dans nos cœurs.
Et nous ne serons jamais plus les mêmes. »

4Nous avons clos cette rencontre par un moment de convivialité.

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