Cérémonie du 28 septembre 2019

Le « cercueil » a été préparé à la Chambre Mortuaire du CHRU de Lille. Les corps des enfants mort-nés ont été déposés dans le cercueil. Chacun a été enveloppé dans un drap blanc, et accompagné des doudous, fleurs et peluches confiés par leurs parents et leurs proches.

La crémation a eu lieu le 27 Septembre 2019 au crématorium d’HERLIES.

Ce samedi 28 Septembre 2019 au matin, 102 personnes se sont réunies au crématorium d’Herlies pour la cérémonie organisée par l’association Nos Tout-Petits et le crématorium communautaire, en hommage aux tout-petits dont le corps avait fait l’objet, d’une crémation.

La salle de cérémonie avait été gracieusement mise à notre disposition par la Communauté Urbaine de LILLE.

Les bénévoles avaient préparé une table sur laquelle était installée une grosse bougie allumée représentant la place singulière qu’a, chaque tout-petit, pour nous.

Maryse, vice-présidente, a pris la parole pour débuter cette rencontre :

« Nous sommes réunis, ce samedi 28 Septembre 2019, pour célébrer ensemble une cérémonie d’adieu à l’intention de 45 tout-petits dont les corps ont fait l’objet vendredi 27 septembre dernier d’une crémation. 

Les bénévoles d’accompagnement de l’association Nos Tout-Petits : Aurore, Elisabeth, Hélène, Maryse et Sylvia eux-mêmes parents ou grands-parents endeuillés, les professionnels du crématorium d’Herlies, vous accompagnent, vous parents et proches de ces tout-petits pour leur ultime passage Ange, Augustin, Auxane, Eden, Eléna, Elisio, Emie, Emma, Gabriel, Faustine, Lewis, Louis, Louise, Lucie, Lyam, Madeleine, Maya, Naos, Timéo, Thytiana, Tommy, tous les autres qui n’ont pu être prénommés et en pensées avec Ethan, Victor, Emile et Maxine, tout-petits des bénévoles présents. »

« A vous, nos tout-petits,
Vous qui n’avez pas vécu et qui n’avez pas connu notre monde
Pour votre dernier adieu,
Nous nous sommes déplacés pour vous accompagner.

Nous avons pris soin de vous, chacun de notre place et à notre manière
Vous êtes partis entourés des objets (peluches, photos, mot d’amour, doudous, rose blanche…) remis par vos parents et vos proches et déposés près de vous
Nous sommes là pour vous dire adieu, au nom de notre commune humanité
Pour que vos départs s’inscrivent dans nos vies,
Chacun vous avez une place unique, singulière, particulière dans nos cœurs,
Symbolisée par ces petites lumières. »

Aurore, bénévole, a ensuite lu le texte « Tu ne verras jamais le soleil » (Anonyme).

« Tu as été envoyé pour être bercé dans nos bras
Mais tu es né trop petit pour vivre aujourd’hui
Tes mains, pieds et oreilles étaient pourtant si parfaits
Maman et papa ont partagé leurs rêves
Nous t’avons pris dans nos bras, notre tout petit
Pour comprendre que nos rêves se sont envolés
Tu ne pourras jamais sentir les fleurs, ni entendre la pluie
Tu ne pourras jamais chasser les papillons ni rire aux éclats
Tu ne verras jamais le soleil
Au revoir, notre tout petit.»

Puis ce fut la chanson : « Les mains vides » (Lynda Lemay).

Le texte : « Toi » (P.E. Thomèse) lu par Hélène

« Toi,…, tu étais le meilleur autre que j’eusse pu souhaiter.
Je n’avais plus besoin de t’imaginer, je t’avais toi.
Les plus belles vies t’attendaient, prêtes à porter.
Je te les avais préparées moi-même,
dans l’espoir qu’un jour elles seraient à ta taille …
Il fallait bien que je t’imagine.
Je continue à t’imaginer, je n’y peux rien,
Je ne peux tout de même pas cesser d’un coup de penser à toi ?
Je pense à toi, je te pense.
Tu es restée trop jeune pour pouvoir jamais t’éloigner de moi
et t’inventer toi- même.
…Jamais tu ne pourras te libérer de mes pensées.
Je te sais pour toujours ici,
dans les coulisses de notre théâtre familial.».

Chaque parent a été invité à venir chercher un lumignon et l’allumer à la flamme de la bougie qui symbolise cette place singulière qu’a chaque tout-petit pour nous. Ensemble, nous nous sommes recueillis autour de cette présence, sur la musique de « Clair de Lune» de Debussy.

Chacun des 45 bébés était représenté par un lumignon

S’en est suivi la lecture de « Dans mon petit coeur » (Oriane Lallemand), lu par Sylvia

« L’amour, c’est un visage
Qu’on garde au fond du cœur,
Une voix familière
Dans le creux de l’oreille,
Quelqu’un qu’on a aimé,
Quelqu’un qui est parti
Pour le ciel, loin d’ici
C’est quelqu’un qui nous manque
A chaque heure de la vie.
L’amour, c’est se souvenir
De cette personne aimée
Et se dire qu’elle est là,
Pas très loin, quelque part
Et qu’elle peut nous voir
Et qu’elle veille sur nous
Quand on a le cafard
Ou quand on est heureux.
L’amour, c’est un au revoir,
Et jamais un adieu. ».

Les parents de Tommy ont pris la parole:

« A mon petit garçon Tommy,
Tu nous manques tous les jours, notre petit garçon tellement désiré.
Nous avions hâte que tu arrives, nous avions plein de projets en route.
Et, le 27 juin notre vie a basculé à tout jamais.
Tu es parti sans même avoir pu découvrir ce monde, où notre regard ne peut croiser le tien.
Depuis, j’ai toujours l’impression qu’il me manque quelque chose, comment dire ? Même si je n’ai pas pu te connaître ni te faire des câlins, des bisous, ni m’occuper de toi, j’ai toujours cette sensation d’être incomplète, de ne plus être moi-même, d’être une maman sans son petit.
C’est tellement dur à vivre, même si je suis jeune et que je pourrais avoir d’autres enfants mais LUI, il était notre tout-petit, notre premier.
Tu es parti avec un morceau de mon cœur, ce cœur déchiré qui pleure son enfant.
Chaque jour, ton père et moi nous nous battons pour avancer mais quand le cœur est marqué au fer rouge et que la vie continue avec d’autres amours, la blessure elle, restera.
Tu mérites de vivre à travers nous, tu ne partiras pas dans l’oubli. Chaque petit garçon que je vois, c’est à toi que je pense, j’imagine comment tu serais. J’aimerais tellement te prendre dans mes bras. Tu étais déjà tellement aimé et entouré par notre famille, nos amis.
Tu seras gravé dans nos cœurs, dans nos têtes à tout jamais, tu seras toujours notre petit garçon qui, de là-haut, nous regarde, prêt à rejoindre notre famille qui prendra soin de toi.
Il est temps de te dire au revoir, va, pars avec tous ces petits anges qui sont partis trop tôt.
Mais ne t’inquiète pas, ce n’est qu’un au revoir car on se retrouvera un jour, mon fils.
Ta Maman et ton Papa qui t’aiment »

Ce fut ensuite la musique de Michel Jonasz « J’t’aimais tellement fort» suivi de la lecture d’Elisabeth « La vie s’apparente à la mer» de Agnès Ledig.

« Il y a le bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’après, quand elles se retirent.
Deux mouvements qui se croisent et s’entrecoupent sans discontinuer.
L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent.
Vous aimeriez vous retirer, dans le même silence des vagues, partir discrètement, vous faire oublier de la vie.
Mais d’autres vagues arrivent, et arriveront encore et toujours.
Parce que c’est ça la vie…
C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempête, et le doux clapotis quand tout est calme.
Mais le clapotis quand même.
Un bord de mer n’est jamais silencieux, jamais.
La vie non plus, ni la vôtre, ni la mienne.
Il y a les grains de sable exposés aux remous et ceux protégés en haut de la plage. Lesquels envier ?
Ce n’est pas avec le sable d’en haut, sec et lisse, que l’on construit les châteaux de sable, c’est avec celui qui fraye avec les vagues (…).
Vous arriverez à reconstruire votre château de vie, parce que la tempête vous a rendu solide.
Et ce château, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les déferlantes de la vie, parce qu’avec eux, le ciment est solide. »

Après une dernière chanson : « Confidentiel » de J.J.Goldman, les parents et proches, comme geste d’adieu et ultime regard, ont été invités à aller déposer les fleurs à la stèle « Nos Tout-Petits » afin d’inscrire ce moment et ce lieu dans leurs cœurs et leurs mémoires.

Devant la stèle, Maryse a lu « Les empreintes des pas des enfants » de Dorine Sexton (in Grieving the child I never knew)

« Certains enfants ne font qu’un bref passage dans nos vies.
D’autres restent quelques temps.
Tous nos enfants laissent dans nos vies l’empreinte de leurs pas.
Certaines, oh, si petites,
D’autres un peu plus grandes,
D’autres encore plus grandes.
Mais tous laissent l’empreinte de leurs pas dans nos vies,
dans nos cœurs.
Et nous ne serons jamais plus les mêmes. »

Nous avons clos cette rencontre par un moment de convivialité.