Cérémonie du 6 octobre 2018

Le « cercueil » a été préparé le 05 Octobre à la Chambre Mortuaire du CHRU de Lille. Les corps des enfants mort-nés ont été déposés dans le cercueil. Chacun a été enveloppé dans un drap blanc, et accompagné des doudous, fleurs et peluches confiés par leurs parents et leurs proches.
La crémation a eu lieu le 05 Octobre 2018 au crématorium d’HERLIES.

Ce samedi 06 Octobre au matin, 60 personnes se sont réunies au crématorium d’Herlies pour la cérémonie organisée par l’association Nos Tout-Petits et le crématorium communautaire, en hommage aux tout-petits dont le corps avait fait l’objet, d’une crémation.
La salle de cérémonie avait été gracieusement mise à notre disposition par la Communauté Urbaine de LILLE.

Les bénévoles avaient préparé une table sur laquelle était installée une grosse bougie allumée représentant la place singulière qu’a, chaque tout-petit, pour nous.

Ophélie, bénévole, a pris la parole pour débuter cette rencontre :
« Nous sommes réunis, ce samedi 06 octobre 2018, pour célébrer ensemble une cérémonie d’adieu à l’intention de 32 tout-petits dont les corps ont fait l’objet vendredi 05 octobre dernier d’une crémation.
Les bénévoles d’accompagnement de l’association Nos Tout-Petits : Caroline, Hélène, Lucile et Sylvia, eux-mêmes parents endeuillés ou grands-parents, les professionnels du crématorium d’Herlies, vous accompagnent, vous parents et proches de ces tout-petits pour leur ultime passage : Ambre, Augustine, Bébé, Célestin, Eléa, Elisée, Gabriel, Jade, Léanna, Léon, Léonie, Lou, Louis, Lucie, Maria, Maryssa, Mino, Morgane, Nathanaël, Noémie, Paola, Rachel, Sofia, … tous les autres qui n’ont pu être prénommés et en pensées avec Lilou, Victor, Victorine et Maxine, tout-petits des bénévoles présents ».

« A vous, nos tout-petits,
Vous qui n’avez pas vécu et qui n’avez pas connu notre monde
Pour votre dernier adieu,
Nous nous sommes déplacés pour vous accompagner.
Nous avons pris soin de vous, chacun de notre place et à notre manière
Vous êtes partis entourés des objets (peluches, photos, mot d’amour, doudous, rose blanche…) remis par vos parents et vos proches et déposés près de vous
Nous sommes là pour vous dire adieu, au nom de notre commune humanité
Pour que vos départs s’inscrivent dans nos vies,
Chacun vous avez une place unique, singulière, particulière dans nos cœurs,
Symbolisée par ces petites lumières. »

Lucile, bénévole, a ensuite lu le texte « A Toi que nous avons attendu » de Josiane Bernon

A toi que nous avons attendu et qui n’es plus.
Nous t’avons attendu avec impatience
D’abord tu ne t’annonçais pas
Attendre, c’est long.
Nous t’avons attendu avec inquiétude
Toutes nos questions au bord des lèvres
A partager ou à taire.
Nous t’avons attendu dans la joie,
Joie de t’accueillir,
De te faire découvrir notre amour, la vie.
Tu es venu, et tu n’es plus
Tu es parti avant que nous ayons pu t’ouvrir grand nos bras,
Te dire toute notre joie,
Te combler de notre amour.
Tu nous laisses au bord d’une route déserte
Où nous ne conduirons pas tes pas,
Car tu n’es plus que dans notre souvenir.

Puis ce fut la chanson : « Berceuse pour un ange » de Marie-Denise Pelletier

Le texte : « Qui es-tu ?» de P. E. Thomèse lu par Caroline

Tu t’es retirée du monde pour te confier de nouveau à nous.
Ce que tu as délaissé, c’est un avenir qui n’advient plus à personne, une vie inhabitée qui existera toujours sans jamais laisser la moindre trace.
Apparue sans laisser de trace.
Désormais le monde se compose de lieux où tu n’es pas, le temps, de moments passés sans toi.
Notre monde est devenu un monde intérieur. C’est là que nous conservons ce qui, à l’extérieur, n’a plus droit à l’existence. (…)
Ce que nous cherchons ne se trouve plus que dans nos pensées, et non dans le monde qui nous entoure. (….)
Le silence crie que tu es encore là, le vide te cache dans chaque espace libre.
Tu n’es nulle part, car tu es partout.

P.E.Thomèse – Extrait de « L’enfant ombre »

Chacun des 44 bébés était représenté par un lumignon.

Sur une musique de Saint Saëns « Le Cygne » chaque parent a été invité à venir chercher un lumignon et l’allumer à la flamme de la bougie qui symbolise cette place singulière qu’a chaque tout-petit pour nous. Ensemble, nous nous sommes recueillis autour de cette présence.

 

A été lu ensuite le texte « Célestin », lu par Caroline, bénévole :

« Célestin,

Voilà presque 2 mois…

C’est le temps qu’il nous restait à attendre avant de te rencontrer si tout s’était bien passé. C’est le temps qui nous sépare de notre rencontre brève, silencieuse, froide..

Je pensais que ce serait plus simple de faire le deuil de son fils si personne n’avait fait sa connaissance mais faire le deuil d’un enfant qui n’a vécu qu’en moi, qui n’a rencontré que son papa et sa maman c’est bien plus compliqué.

Être des parents sans enfants c’est indescriptible et difficile à comprendre pour les autres. Hier ton petit corps se consumait et mon cœur en a fait autant. J’aurai préféré me plaindre de tes nuits sans sommeil que de savoir que le tien serait éternel. J’aurai préféré panser tes petits bobos plutôt que la blessure de mon cœur. J’aurai aimé entendre ton premier cri, tes premiers mots que supporter ce silence à jamais.

Célestin, ce joli prénom, j’aurai tant aimé l’entendre et le prononcer chaque jour. J’aurai aimé l’écrire sur de jolis faire part de naissance, mais c’est un acte d’enfant né sans vie qui l’a remplacé. Malgré tous ces regrets et tant d’autres, je préfère te savoir là où tu es que de te voir vivre dans la souffrance.

Je sais qu’il me faudra du temps pour accepter ton absence. Tu vivras à travers moi, dans nos mémoires et dans nos cœurs. Tu as quitté ce monde avant de l’avoir découvert. Tu as fait de moi une maman et de lui un papa. Nous ne serons pas les parents que nous aurions pu être pour toi. Grâce à toi, nous serons encore meilleurs car nous savons ce que nous avons perdu. Nous savons que chaque instant sera précieux, aussi précieux que ces quelques minutes que nous avons passé avec toi dans nos bras. Nous serons des parents exemplaires, du moins nous ferons de notre mieux pour s’occuper du petit frère ou de la petite sœur que tu nous enverras.

Nouveau-né ou nouveau-mort ? Enfant Mort-né ou Né-Mort ? Comment qualifier ta naissance ?

Aujourd’hui je suis venue pour toi car tu as existé et non parce que tu es parti.

Aujourd’hui nous sommes tous là pour vous accompagner, nos anges, nos étoiles, nos bébés, nos tout petits. Une partie de nous s’envole.

Je laisse le vent emporter cette petite poussière d’étoiles, nous avons choisi de te laisser partir accompagné de tous ces bébés plutôt que de te laisser seul faire ce chemin. Car nous, nous ne sommes pas seuls pour affronter ça.

Je t’aime mon bébé, nous t’aimons papa et moi ».

S’en est suivi la lecture de «Dans le creux de la main» Luc Mayor, lu par Hélène

C’est une p’tite chanson de rien
C’est une p’tite chanson
pour mettre dans le creux de ta main
Que tu pourras relire en chemin
C’est une p’tite chanson
pour te dire qu’on t’aimait bien
C’est une p’tite chanson inachevée, sans refrain
C’est une p’tite chanson pour une poupée de satin
Qui n’a jamais vécu que dans son écrin
C’est une p’tite chanson de presque rien
C’est une p’tite chanson pour te dire au revoir
Pour ne pas te garder, ni t’enfermer dans le noir
Pour te laisser partir, là-haut, d’où tu viens
C’est une p’tite chanson, mais j’en avais besoin
C’est une p’tite chanson sur presque rien
Qui m’est venue comme ça, un beau matin
Pour dire combien ont du poids ces petits riens
Qui tiennent dans le creux d’une main.

Ce fut ensuite la musique de Yannick Noah « Dans et sur mes bras » suivi de la lecture de Sylvia « Fonder un nouveau départ» (extrait de « Juste avant le bonheur » d’Agnès Leydig)

Les parents d’enfants morts le savent bien : devenir l’éducateur d’un enfant disparu sera le travail de toute leur vie.
Ils devront lui aménager sa juste place dans la famille,
le laisser évoluer en eux, lui qui ne grandit plus
mais grandit quand même.
Ils devront, comme l’on devient parent d’un tout-petit, puis d’un écolier, puis d’un adolescent, ils devront devenir parents d’un enfant mort.
Eux qui avaient peut-être trois, quatre enfants, auront toujours ces enfants-là, le petit, le moyen, le grand, le mort.
Les relations parents-enfants continuent avec eux tous.
Il y a simplement moins de gens pour vous montrer la voie, et chacun sait qu’il doit tout inventer. Puiser en lui-même, puiser dans le bonheur entrevu ou accompli, les forces et la manière de fonder un nouveau départ avec les enfants qui ne seront plus jamais là.
Geneviève Jurgensen

Après une dernière chanson : « Confidentiel» de Jean-Jacques Goldman, les parents et proches, comme geste d’adieu et ultime regard, ont été invités à aller déposer les fleurs à la stèle « Nos Tout-Petits » afin d’inscrire ce moment et ce lieu dans leurs cœurs et leurs mémoires.

Devant la stèle, a lu « Les empreintes des pas des enfants » de Dorine Sexton (in Grieving the child I never knew)

Certains enfants ne font qu’un bref passage dans nos vies.
D’autres restent quelques temps.
Tous nos enfants laissent dans nos vies l’empreinte de leurs pas.
Certaines, oh, si petites,
D’autres un peu plus grandes,
D’autres encore plus grandes.
Mais tous laissent l’empreinte de leurs pas dans nos vies,
dans nos cœurs.
Et nous ne serons jamais plus les mêmes.

Nous avons clos cette rencontre par un moment de convivialité.