Le « cercueil » a été préparé le 22 septembre 2016 à la Chambre Mortuaire du CHRU de Lille. Les corps des enfants mort-nés ont été déposés dans le cercueil. Chacun a été enveloppé dans un drap blanc, et accompagné des doudous, fleurs et peluches confiés par leurs parents et leurs proches.
La crémation a eu lieu le 24 septembre au crématorium d’HERLIES.
Ce samedi 24 septembre au matin, près d’une soixantaine de personnes se sont réunies au crématorium d’Herlies pour la cérémonie organisée par l’association Nos Tout-Petits et le crématorium communautaire, en hommage aux tout-petits dont le corps avait fait l’objet, la veille, d’une crémation.
La salle de cérémonie avait été gracieusement mise à notre disposition par la Communauté Urbaine de LILLE.
Les bénévoles avaient préparé une table sur laquelle était installée une grosse bougie allumée représentant la place singulière qu’a, chaque tout-petit, pour nous.
La présidente de l’association, Maryse DUMOULIN, a pris la parole pour débuter cette rencontre :
Nous sommes réunis, ce samedi 24 Septembre 2016, pour célébrer ensemble une cérémonie d’adieu à l’intention de 39 tout-petits dont les corps ont fait l’objet hier d’une crémation.
Les bénévoles d’accompagnement de l’association Nos Tout-Petits (Caroline, David, Huguette, Maryse et Ophélie), eux-mêmes parents endeuillés ou soignants de périnatalité, les professionnels du crématorium d’Herlies, vous accompagnent, vous parents et proches de ces tout-petits pour leur ultime passage : Anaïs, Ange, Angèle, Angeline, Edgar, Edouard, Léane, Livia, Louise, Maël, Marius, Mathieu, Noa, Paul, Roman, Sacha, Timéo, et tous les autres qui n’ont pu être prénommés et en pensées avec Lilou, Ethan, Emile, et Maxine, tout-petits des bénévoles présents. »
« A vous, nos tout-petits,
Vous qui n’avez pas vécu et qui n’avez pas connu notre monde
Pour votre dernier adieu,
Nous nous sommes déplacés pour vous accompagner.
Nous avons pris soin de vous, chacun de notre place et à notre manière
Vous êtes partis entourés des objets (peluches, photos, mot d’amour, doudous, rose blanche…) remis par vos parents et vos proches et déposés près de vous
Nous sommes là pour vous dire adieu, au nom de notre commune humanité
Pour que vos départs s’inscrivent dans nos vies,
Chacun vous avez une place unique, singulière, particulière dans nos cœurs,
Symbolisée par ces petites lumières. »
Huguette, bénévole, a ensuite lu le texte « A toi » ? de Josiane Bernon
A toi que nous avons attendu et qui n’es plus.
Nous t’avons attendu avec impatience
D’abord tu ne t’annonçais pas
Attendre, c’est long.
Nous t’avons attendu avec inquiétude
Toutes nos questions au bord des lèvres
A partager ou à taire.
Nous t’avons attendu dans la joie,
Joie de t’accueillir,
De te faire découvrir notre amour, la vie.
Tu es venu, et tu n’es plus
Tu es parti avant que nous ayons pu t’ouvrir grand nos bras,
Te dire toute notre joie,
Te combler de notre amour.
Tu nous laisses au bord d’une route déserte
Où nous ne conduirons pas tes pas,
Car tu n’es plus que dans notre souvenir.
Puis ce fut la chanson : « Berceuse pour un ange » de Marie-Denise Pelletier
Le texte : « La fin » d’après Tagore a ensuite été lu par Maryse
Papa, Maman, il est temps de m’en aller.
Je m’en vais.
Lorsque l’obscurité mourante fera face à l’aube solitaire
Je dirai « Bébé n’est pas là ».
Je m’en vais.
Je deviendrai souffle d’air léger et je vous caresserai ;
Quand vous vous baignerez, je serai les rides sur l’eau
Et je vous couvrirai de baisers répétés.
Quand, par les nuits de tempête, la pluie clapote sur les feuilles, vous entendrez dans votre lit mes chuchotements et, soudain, dans l’éclair, mon rire franchira la fenêtre et éclatera dans la chambre.
Si, tout au souvenir de votre bébé, vous ne pouvez-vous endormir que tard dans la nuit, alors je chanterais du haut des étoiles :
« Dormez, Papa, Maman, dormez »…
Je me coulerais le long des rayons errants de la lune, au-dessus de votre lit, et m’étendrais sur vous pendant que vous dormez.
Je me ferais rêve et, par la mince fente de vos paupières,
je me glisserais jusqu’au plus profond de votre sommeil.
Vous vous éveillerez, tressaillants
et, tandis que vous regarderez autour de vous,
Je m’esquiverai au dehors, en un clin d’œil,
comme une luciole.
Sur une musique de Christina Perri «A thousand years» chaque parent a été invité à venir chercher un lumignon et l’allumer à la flamme de la bougie qui symbolise cette place singulière qu’a chaque tout-petit pour nous. Ensemble, nous nous sommes recueillis autour de cette présence.
Chacun des 39 bébés était représenté par un lumignon.
Ont été lus ensuite des textes préparés par des parents :
À l’amour de notre vie.
“On ne sait jamais à quel point nous sommes forts, jusqu’au jour où être fort reste la seule option”.
Cette citation reflète exactement le sentiment qui envahit notre esprit depuis ce jour de juillet. Ce jour où nous sommes passés du paradis à l’enfer en une fraction de seconde.
Les jours, les mois passaient et notre joie était chaque fois plus grande, nous imaginions les plus beaux scénarios de vie à trois. Tu allais bientôt être là. Mais la vie en a décidé autrement. L’inacceptable est venu tout bousculer, reprendre tout ce qu’on nous avait donné et nous a laissé une impression d’inachevé. Le bonheur est devenu “douleur”, nos rêves se sont transformés en cauchemars. Et ce qui devait être le plus beau jour de notre vie, devint le pire.
Comment faire pour continuer d’avancer et trouver la force pour surmonter cette terrible épreuve ? Notre amour qui est devenu encore plus fort depuis que nos yeux sur toi se sont posés, nous a guidé. Ensemble nous regardons là-haut, et nous te voyons Toi. Notre étincelle, notre petite étoile accrochée au ciel.
Tu es le vent qui souffle et chasse les nuages, c’est toi notre force, tu nous donnes le courage.
Tu avais tout ce qu’en rêve nous avions entrevu, tu avais tout ce qui fait “nous”. Nous en sommes si fiers, nous n’oublierons rien.
Dans notre malheur, notre vie est plus belle grâce à toi. Car même si tu n’es plus là où tu étais, tu es partout là où nous sommes.
Merci d’avoir fait de nous “ta maman” et “ton papa”.
Chaque jour qui passe, nous rapproche davantage de celui où l’on se retrouvera…
Anne-Sophie et David, parents de Livia
Cher petit Ange,
Nous sommes venus te dire adieu. Nous t’avions conçu avec tant d’amour que jamais, dans nos pires cauchemars, nous n’aurions pensé que l’aventure se finirait ainsi.
Mais les hasards de la génétique en ont décidé autrement…. Et nous n’avons pu nous résoudre à te faire porter un tel fardeau de souffrance.
Ta courte vie n’aura duré que 5 mois, cinq petits mois qui ont pourtant été si paisibles….. tu gigotais dans ta bulle avec tant d’entrain.
Aussi brève qu’a été ton existence, petit ange, tu resteras à jamais présent dans nos esprits et dans nos cœurs. Nos rêves et nos prières t’accompagnent aujourd’hui et pour toujours.
Anne et Loïc, parents d’Ange
Message à Edgar lu par ses grands-parents
Caroline a ensuite lu le texte « Dans le creux de la main » de Luc Mayor
Dans le creux de la main
C’est une p’tite chanson de rien
C’est une p’tite chanson pour mettre dans le creux de ta main
Que tu pourras relire en chemin
C’est une p’tite chanson pour te dire qu’on t’aimait bien
C’est une p’tite chanson inachevée, sans refrain
C’est une p’tite chanson pour une poupée de satin
Qui n’a jamais vécu que dans son écrin
C’est une p’tite chanson de presque rien
C’est une p’tite chanson pour te dire au revoir
Pour ne pas te garder, ni t’enfermer dans le noir
Pour te laisser partir, là-haut, d’où tu viens
C’est une p’tite chanson, mais j’en avais besoin
C’est une p’tite chanson sur presque rien
Qui m’est venue comme ça, un beau matin Pour dire combien ont du poids ces petits riens
Qui tiennent dans le creux d’une main.
Ont suivi la chanson « J’t’aimais tellement fort» de Michel Jonasz puis un texte : « Juste avant le bonheur » d’Agnès Ledig lu par Ophélie.
La vie s’apparente à la mer.
Il y a le bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’après, quand elles se retirent.
Deux mouvements qui se croisent et s’entrecoupent sans discontinuer.
L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent.
Vous aimeriez vous retirer, dans le même silence des vagues, partir discrètement, vous faire oublier de la vie.
Mais d’autres vagues arrivent, et arriveront encore et toujours.
Parce que c’est ça la vie…
C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempête, et le doux clapotis quand tout est calme.
Mais le clapotis quand même.
Un bord de mer n’est jamais silencieux, jamais.
La vie non plus, ni la vôtre, ni la mienne.
Il y a les grains de sable exposés aux remous et ceux protégés en haut de la plage. Lesquels envier ?
Ce n’est pas avec le sable d’en haut, sec et lisse, que l’on construit les châteaux de sable, c’est avec celui qui fraye avec les vagues (…).
Vous arriverez à reconstruire votre château de vie, parce que la tempête vous a rendu solide.
Et ce château, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les déferlantes de la vie, parce qu’avec eux, le ciment est solide. »
Après une dernière chanson : « Confidentiel » de J.J.Goldmann, les parents et proches, comme geste d’adieu et ultime regard, ont été invités à aller déposer les fleurs à la stèle « Nos Tout-Petits » afin d’inscrire ce moment et ce lieu dans leurs cœurs et leurs mémoires.
Devant la stèle, Maryse a lu « Les empreintes des pas des enfants » de Dorine Sexton (in Grieving the child I never knew)
Certains enfants ne font qu’un bref passage dans nos vies.
D’autres restent quelques temps.
Tous nos enfants laissent dans nos vies l’empreinte de leurs pas.
Certaines, oh, si petites,
D’autres un peu plus grandes,
D’autres encore plus grandes.
Mais tous laissent l’empreinte de leurs pas dans nos vies,
dans nos cœurs.
Et nous ne serons jamais plus les mêmes.
Nous avons clos cette rencontre par un moment de convivialité.