Zélie

Bébé Zélie,

Ces mots maladroitement couchés sur ce papier si blanc ne peuvent atténuer ma douleur, mais c’est en ayant le souvenir de t’avoir serrée dans mes bras que j’ai trouvé la force d’écrire, bébé Zélie.

C’est bien peu, si peu, j’aurais tant voulu t’offrir plus que ces presque six mois passés ensemble.

Mais voilà, à cause de quoi ? La faute à qui ?

A cause du hasard. La faute à pas d’chance.

Une décision à prendre, un choix forcé. Mais choisir entre quoi et quoi ?

Choisir de t’offrir une vie de souffrances ?

Ou choisir de te faire subir la mort si tôt, alors que ton chemin de vie venait à peine de commencer, bébé Zélie.

Quel choix ignoble ! Quelle injustice !

On était pourtant si heureux, Clément et moi.

On était pourtant si pressés d’annoncer ta venue dans notre famille, bébé Zélie.

Ton papa Clément te construisait une belle maison en bois.

Ton grand frère Titouan t’offrait déjà des céréales au petit déjeuner.

Et moi, qui te sentais bouger si souvent et depuis déjà plusieurs mois, je te faisais plein de caresses en te glissant des mots doux.

Je t’enveloppais de musiques et de chansons tout en faisant mille projets d’avenir pour toi, pour nous.

Hélas, le petit nid douillet qu’on te préparait n’a pas permis de réparer le mal dont tu souffrais, bébé Zélie.

Ni la chaleur de nos mains, ni la douceur de nos voix, ni les rires de Titouan.

A défaut de pouvoir t’accueillir auprès de nous,

A défaut de te voir grandir à nos côtés,

Nous devrons nous contenter de te garder dans notre mémoire et dans notre cœur, bébé Zélie.

Mais sache que rien ni personne ne t’effacera de nos esprits.

Tu es notre unique petite fille et nous sommes fiers de te compter comme notre deuxième enfant, bébé Zélie.

Mon ventre est vide aujourd’hui.

Tu devrais y être encore lovée à l’heure qu’il est.

Tu nous manques déjà tant, bébé Zélie.

Ton papa, ton frère et moi, ta maman, nous t’enverrons aussi souvent que nous le pourrons

l’Amour que nous fabriquons chaque jour…

… Dors, bébé Zélie.