Roméo, il me manque

Crainte, espoir, doute, rien de grave et drame

Je m’appelle Elodie. Je suis maman d’un petit Joseph de 2 ans et d’un petit ange Roméo né sans vie le 8 février 2005 à 33 semaines de grossesse.

C’était avec bonheur que nous apprenions la présence d’un petit être dans mon ventre en juillet 2004. A la joie est venue s’ajouter une crainte dans la mesure ou il y avait un hématome rétro-placentaire … mais à priori tout allait bien pour le bébé.

Suivie tous les mois, les échos n’annonçaient rien de mauvais, au contraire, il n’y avait plus de trace d’hématome et notre Roméo poussait bien.

A l’écho du 5eme mois, petit doute, le docteur fait apparaître une note en bas du bilan morphologique : pyélestasie bilatérale prédominant à gauche, c’est-à-dire rein gauche un peu plus dilaté que le droit. Rendez-vous à la maternité où un docteur nous rassure très gentiment et explique les éventuels suites opératoires minimes pour notre petit bout voir même la “guérison” naturelle : tout peut se remettre en place  les pois suivants.

Gonflée à bloc, je continue de vivre ma grossesse pleinement avec mon mari, notre premier fils Joseph, nos familles et amis.

L’année 2005 est commencée, je retourne, la bouche en cœur, à la maternité pour une écho de vérification. Mon mari n’est pas venu car il n’a pu se libérer … C’est pas grave puisque tout va bien. Ma maman tient à m’accompagner et pourra ainsi s’occuper de Joseph le temps de l’écho.

Un peu de gel, vérifications morpho, tout va bien d’après les courbes et soudain, je trouve que le docteur insiste un peu trop longtemps sur une partie de mon ventre … Tient, il se passe quelque chose, que va -t-il m’annoncer, encore un petit souci ?  Soudain il me parle de mauvaise visibilité. Il remet du gel et recommence à “chercher” quelque chose. Je ne me souviens plus trop ce qui me traversait la tête mais je me souviens être prête à entendre que notre petit bout avait une petite malformation, même apparente, je l’aime déjà trop fort et j’accepte, de toute façon nous serons là pour l’aider à s’accepter par la suite.

Puis le docteur éteint sa machine, soupire et me regarde avec une grande déception, j’ai lu dans ses yeux qu’un drame allait m’être annoncé. Et là il me parle de processus cérébral expansif intra crânien. Terrorisée, vidée et en plein désarroi, je  demande s’il peut faire entrer ma maman avant d’expliquer davantage.
Je passe les explications, les larmes, les incompréhensions médicales tant la douleur est importante.

Je vous dirais juste que ce médecin  a été très délicat, très patient je ne sais toujours pas comment, mais il est parvenu à me faire entendre que la plus belle preuve d’amour que je puisse offrir à mon petit Roméo est de le laisser partir paisiblement avec les anges.

J’ai donc du annoncer tout cela à mon mari en rentrant à la maison (…)

Puis une longue semaine d’attente après une IRM, des appels sans réponse, un rendez-vous pour des rapports neurologiques dramatiques et tout s’accélère.

Ainsi, le 8 février 2005, à 9h50 notre petit Roméo est né sans vie à 33 semaines de grossesse, par césarienne car le volume de la tête était trop important pour passer le col. Il pesait 3kg400. Nous avons bien entendu été très bien entourés et le sommes encore.

Mais la douleur est là, mon petit lou me manque trop…c’est très dur.

Nous attendons les résultats génétiques et ceux de l’autopsie.

Je vais arrêter là car Joseph vient de se réveiller…..et oui la vie continue malgré le chagrin qui m’habite chaque jour.

A bientôt peut-être.

Elodie , avril 2005