Rapahël

Je m’appelle Chloé, j’ai 22 ans.

Mon désir d’enfant remonte à plusieurs années, à 15 ans j’y songeais déjà.

Un jour j’ai rencontré un homme avec qui je ne suis plus aujourd’hui, dès les premiers instants nous avons parlé de faire un enfant.

Je suis tombée enceinte le 29 septembre 2010, mon plus beau cadeau d’anniversaire étant donné que je suis du 27. Quelques moi après ma rencontre avec cet homme.

Tout au départ n’était que bonheur. Mon couple allait à merveille, je m’imaginais déjà avec mon bébé dans les bras. Tout cela dura pendant une trentaine de semaines, mon ventre s’arrondissait, nous commencions à acheter des tas de choses, et les cadeaux pour notre bébé tombaient déjà comme la pluie.

Il y eu la première échographie où tout était normal, sur les photos nous voyions notre bébé en entier.

Les jours et les semaines passèrent, nous avions tellement hâte de savoir le sexe de notre bébé que nous n’avons résister à la tentation de faire une échographie 3D à but non médical mais pour savoir le sexe.
C’était un garçon!! Alors ça sera Raphaël.

Vint la 3ème échographie, les premières minutes furent encore belles, je voyais mon fils qui tétait sa langue et qui bougeait.

Puis la sage femme échographiste insista sur son cerveau, elle n’arrivait pas à voir clairement car il était placé tout contre le fond de mon ventre.
Elle batailla pendant de longues minutes.
Enfin elle nous déclara (à ma mère et moi, mon conjoint ne pouvant être là) qu’elle avait peur qu’une partie du cerveau fut en retard de “construction”, elle prit donc rendez vous pour moi chez un échographiste qualifié en images de cerveau.

Quelques jours plus tard, nous voilà avec mon conjoint chez cet échographiste. Cela dura plus d’une heure et demi où il ne regarda que son cerveau. Une partie fut aussi échographiée par voix basse.
Nous étions comme hypnotisés par l’écran qui ne montrait que des parties du cerveau auquel nous ne comprenions rien du tout.
Le verdict final fit mal, très mal, le médecin était très pessimiste, le cerveau avait arrêté de se “construire” et , n’étant pas sur du diagnostic il pris rendez vous pour une IRM.

Après une vingtaine de minutes, la radiologue vint vers nous et très calmement nous dit qu’effectivement le cerveau de Raphaël avait cessé de se développer. Que les sillons du cerveau ne s’étaient pas formés, c’était une lissencéphalie .Et que la seule façon pour qu’il ne souffre pas était d’arrêter la grossesse et le laisser partir dans la douceur.

Nous avons donc choisi de ne pas laisser Raphaël arriver dans ces conditions là.
L’IMG fut programmée.

Pendant deux semaines encore j’ai senti ses talons donner des coups de pieds dans le haut de mon ventre, à chaque fois que je le sentais bouger je savais que c’était la fin et que jamais je ne l’aurais dans mes bras en vie, baillant aux anges, que tous mes espoirs de lui donner tout l’Amour que j’avais pour lui s’envoleraient avec lui.

Le 18 mai 2011, j’arrivais à la maternité.
On m’amena au bloc pour faire les 3 piqûres, comme je les appelle.
La première piqûre pour anesthésier mon ventre
La seconde pour endormir profondément mon Amour
Et la troisième pour arrêter son cœur.

Entre la deuxième et la troisième piqûre, j’ai eu quelques instants pour dire Adieu à mon fils.

3 heures plus tard il était né.

Lavé et habillé, d’un pyjama offert par sa grand mère, mon conjoint l’a d’abord pris dans les bras, je ne me sentais pas capable de le prendre en première.

Quand je l’ai pris dans les bras, quelques instant plus tard, je l’ai bercé pendant quelques secondes puis j’ai dégrafé le bas de son pyjama pour voir son petit pied, si mignon, si parfait.
J’ai ensuite posé ma tête contre la sienne et j’ai pleuré, pleuré.

Mon fils était parfait, seul son teint brunâtre nous prouvait qu’il était bien mort.

Une partie de moi ce jour là est partie avec lui et jamais ne reviendra.

Avec le père de Raphaël, tant la douleur était grande nous nous sommes séparés quelques mois plus tard.

Chloé, septembre 2012