Je m’appelle Aurélie et les 6/7 avril 2005 furent les pires jours de ma vie de femme et de maman…
Mais racontons depuis le début :
en août 1999 , je rencontre celui qui allait devenir mon mari en 2001, nous essayons dès l’année 2000 de faire un bébé… malheureusement ça ne vient pas de suite… ma gynécologue décide donc de vérifier si mes trompes ne sont pas bouchées…
Après une hystéro-salpingographie, on ne décèle qu’une anomalie : un utérus bicorne. Je demande alors ce que c’est et on m’annonce qu’en gros cela signifie que j’ai un utérus qui n’a pas la forme de triangle car il manque “le pont” en haut de l’utérus. Alors je demande si cela posera problème pour avoir un enfant et on me répond que non.
Après plusieurs traitements hormonaux, une fausse couche, je tombe enfin enceinte en septembre 2003… bébé arrive enfin en juin 2004, le 3 (jour de naissance de ma belle-maman qui était malade d’un cancer). Nous avions d’ailleurs déclenché l’accouchement car les médecins nous avaient dit qu’elle n’en avait plus que pour quelques jours et comme je voulais absolument qu’elle connaisse son premier petit garcon ,j’avais décidé dans la mesure où Théo ne risquait rien de déclencher mon accouchement….
Grand bonheur à l’arrivée de Théo, accouchement par voie basse… quelques petites complications au niveau du rythme cardiaque (des baisses) et besoin d’appuyer sur mon ventre pour faire sortir le petit loulou
Sortie de l’hôpital ,les premiers jours à la maison, l’été passe également. Le 26 août j’ai rendez-vous avec mon obstétricien pour la visite post-accouchement. Il me demande comment se passent mes cycles menstruels et je lui dis que j’ai eu une fois mes règles après l’accouchement (un mois après, donc le 2 juillet) et depuis plus rien, mais que le kiné m’avait dit que ça pouvait arriver de temps en temps.
Pour être sûr que rien ne clochait il m’a fait une échographie et m’annonce alors que je suis à nouveau enceinte !!!!!!!!!!!!!! Mon fils n’avait deux mois et demi !!!!! Deux grossesses coup sur coup , ça m’a fait peur et je me suis légèrement déconnectée de la réalité de son cabinet pendant quelques secondes.
Puis ayant repris mes esprits ,je suis retournée chez mes parents qui gardaient mon fils, et ma mère m’a demandé ce qui m’arrivait, vu ma tête. Je lui annonce en pleurant que je suis à nouveau enceinte… elle tombe sur les fesses, s’affole et puis relativise les choses et me dit qu’elle sera là pour nous soutenir.
Nous décidons donc de déménager pour que les deux bébés aient chacun leur chambre.
Nous déménageons fin février 2005 ; tous les examens de grossesse sont excellents mis à part que le bébé est en siège.
J’apprends que c’est une fille !!!!! Mon Dieu quel bonheur, nous décidons donc de l’appeler Loanne. Comme nous allions avoir un garçon et une fille très rapprochés nous décidons d’attendre ou même de ne plus faire d’autres enfants. Nous allions avoir bien assez de travail avec ces deux là !!!
Donc la petite était en siège du début à la fin de la grossesse… l’obstétricien se veut rassurant en me disant qu’un accouchement par le siège n’est pas plus difficile qu’un accouchement normal… mais il me dit quand même que plus on s’éloignera de la date du 4 avril ( dernière consultation de grossesse) plus on risquera une césarienne… La petite était prévue pour le 24 avril ( jour anniversaire de mon mari).
Le 6 avril à 13 h j’arrive à la clinique car je m’inquiète de quelques pertes liquidiennes ,ils me renvoient chez moi sans aucun problème selon eux… je rentre à 15h et nous mangeons un peu avec mon mari .. je me lève de table et je fais deux petits pas hors de la cuisine et bingo la poche des eaux se rompt … une véritable inondation et je ris avec mon mari en lui disant qu’il va tout de même falloir retourner à la clinique car la petite puce va pointer son nez.
J’appelle ma maman pour qu’elle vienne chercher mon fils, quand elle arrive je n’ai toujours pas bougé de la place où j’ai perdu les eaux !!! elle me dit “allez, dépêche-toi, peut-être qu’elle est en train d’arriver vu que c’est un accouchement juste après l’autre”.
La clinique est juste derrière la maison, nous arrivons à 16h30 et une sage femme me demande de me déshabiller, je retire ma culotte et là Oh surprise, j’ai du méconium dans le fond de la culotte, un coup au cœur me traverse et je demande ce que c’est… Elle me dit que c’est normal vu que c’est un siège… je lui fais confiance et l’attente de Loanne commence.
Malheureusement dès 18h des problèmes surgissent au niveau de son rythme cardiaque.
Elle descend régulièrement vers 50/60 pulsations au lieu d’environ 150… nous le signalons à la sage femme, mon obstétricien vient me voir a 19h30 et me dit qu’il s’en va car il a fini sa journée et que ce n’est pas lui qui est de garde… il me dit qu’il a pleinement confiance en ce médecin de garde, qu’il a déjà pratiqué beaucoup d’accouchements par siège.
Ce médecin, malgré la position d’accouchement de ma fille, je ne l’ai vu qu’une seule fois et ce malgré aussi toutes les baisses de rythme de ma fille … sans mentir il y en a eu au moins 50…
Chaque fois la sage femme me disait ” la prochaine fois j’appelle le médecin”.
Il ne venait jamais… à un moment je ne me suis pas sentie bien du tout et j’ai demandé à mon mari d’aller chercher la sage femme et il est tombé sur le médecin juste à la porte de ma salle d’accouchement… Il lui a expliqué les baisses de rythme, mes malaises et le fait que j’avais senti que la petite était mal mise, il lui a répondu “laissez faire, c’est le travail”. A la porte de ma salle, il n’est même pas rentré !!!!! A 22 h, il est venu me voir enfin !!!! pourtant il n’a pas regardé le monito ni fait un examen vaginal !!!
Puis à 22h40 les sage-femmes sont allées le voir pour lui dire qu’il y avait un souci mais il a refusé de venir me revoir , pourtant je tiens à préciser que j’étais la seule à accoucher dans l’établissement à ce moment là !!! On ne peut pas dire qu’il avait un surplus de travail !!!!!!!
Puis à 00 h il est venu et m’a annoncé que le cœur de ma puce ne battait plus !!!!!!!!!!!
En fin de compte, j’ai eu une césarienne à 1h45 du matin !!!!!!!!! presque deux heures après qu’il s’en soit rendu compte!!!!!!
Sur mon monito ,il est marqué à 22h40 “discussion avec le docteur N. au sujet du rythme, sage femmes et auxiliaires témoins, le médecin ne vient pas voir le rythme”. Toutes les preuves sont en notre possession et nous avons donc décidé d’attaquer la clinique car après expertise le méconium quand j’ai perdu les eaux n’était pas normal , ce médecin qui a refusé de venir quand on lui a dit et quand les sage femmes lui ont dit aussi, et mon obstétricien car après expertise également nous avons appris que comme il était au courant dès les premières baisses de rythme il aurait dû déjà demander à 18-19h une césarienne car avec un accouchement par siège il ne faut aucun signe de souffrance fœtale, or nous avions le méconium, les baisses de rythme comme signes très importants !!!!!!! et en plus mon col était resté bloqué à 8 cm sans évolution à partir de 21h, or généralement c’est là que ça va un peu plus vite …
Je pense avoir oublié quelques détails mais voilà en gros le récit de la pire nuit de ma vie.
Nous avons fait un enterrement pour Loanne, le samedi, je venais de me faire retirer le redon et j’allais assister à l’enterrement de ma fille au lieu de lui faire son baptême comme il était prévu en août !!!!!
Au cours de la cérémonie , il y avait le signe de lumière à faire ( la bougie ) et je me suis levée de mon fauteuil roulant car je ne pouvais pas marcher ,et comme si une force me poussait j’ai réussi à me lever et à faire le tour de ce tout petit cercueil pour aller allumer cette bougie avec mon mari.
Maintenant cela fait juste un an, et pour le 7 avril, j’ai décidé de faire un lâcher de ballons en son honneur.
Il faut aussi vous dire que javais perdu ma belle-mère à peine un mois avant et que Loanne était le rayon de soleil qui allait donner du baume au cœur à toute notre famille, or le sort s’est acharné un peu plus en décidant de nous reprendre la puce.
Pourtant elle n’avait aucun problème physique ou psychique… elle n’était pas malformée comme la plupart des récits que j’ai lu… La douleur est la même pour toutes les mamans mais lorsqu’en plus l’injustice s’en mêle c’est dur.
Loanne mesurait 51 cm et 3.3310 kilo, une véritable princesse.
Heureusement que j’avais mon fils, il m’a empêchée de sombrer les premiers mois. Puis j’ai fait une dépression et j’ai souffert de boulimie ,je me goinfrais et je me faisais vomir. Les médecins m’ont expliqué que c’était pour combler le vide qu’elle avait laissé.
Je pense vous avoir tout dit.
Aurelie, Hugo, Théo, famille de Loanne, devenue ange gardien. Mars 2006