Maylis condamnée suite à une erreur médicale

Voilà bientôt 2 mois que notre petit amour nous a quitté ( le 10 juillet 2008).

Après l’évitement in extremis d’une fausse couche dû à un décollement de l’oeuf à 2 mois de grossesse, des contractions précoces a quatre mois de grossesse, un cerclage à 4 mois 1/2, une rupture de cerclage à 5 mois, mais une petite fille qui s’accroche, on peut dire qu’elle et moi, on s’est battu pour se rencontrer. Nous avons passé 3 mois allité dont 2 à l’hôpital, et là, à 7 mois de grossesse, ma petite Maylis semble vouloir pointer le bout de son nez à 7 mois de grossesse. Je perds les eaux, le col est dillaté de 3-4 doigts, il va falloir accoucher. Seulement c’est la nuit, il n’y a que l’obstertricienne de garde, une de celle qui pensait que je ferais mieux de retourner chez moi car elle avait besoin d’une chambre seule pour une autre future maman alors que moi j’allais bien. 2 jours après j’accouchais ! Heureusement que j’avais insisté pour rester à l’hôpital ! Je ne mesure qu’un petit mêtre quarante huit, pour les mamans que je connais, il va de soit que j’accoucherais par césarienne, mais le Dr M veut me faire accoucher par voie basse, les fils restants de mon cerclage sont retirés sans anesthésie par une interne pour qui s’est la première fois, la douleur est atroce, elle n’y arrive pas, la douleur est atroce mais l’obstétricienne laisse faire. Une fois enlevés et la péridurale faite, on tente l’accouchement voie basse, le coeur de ma petite puce semble se fatiguer, à 7 cm de dilatation le col ne progresse plus. Ils virent mon conjoint de la salle d’accouchement et m’emmenent dans la salle de césarienne, et là, bébé va mal mais ils insistent pour me faire accoucher par voie basse. J’entend l’obstétricienne dire que le bébé va mal, qu’il faut faire vite. La césarienne est enfin décidée.

La douleur est atroce, la péridurale est largement insuffisante, je leur dis mais rien n’y fait, ils n’ont plus le temps, je hurle, je pleurs, je sens le bistouri me découper, je les sens découper chaque lamelle de mon ventre (peau, muscle, utérus), et là je les sens tracter le bébé de haut en bas, de droite à gauche, en transversale, le bébé est coincé, sa tête s’est engagée, il leur a fallu 20 minutes pour la sortir. Je n’ai même pas le temps de l’apercevoir qu’ils me l’enlèvent, je leur demande affolée si elle est vivante, personne ne me répond, pendant que l’on me recoud, je croise au dessus de ma tête les yeux de l’anesthésiste, rouges, pleins de larmes, je lui demande si elle va bien, il me dit ne t’inquiète pas mais je sais qu’il ment, je fais une crise d’hystérie, je les supplie de me dire la vérité, personne ne répond. Seul son papa aura pu me rassurer, un pédiatre de réa lui a dit qu’elle allait bien, il l’a vu, elle est magnifique, elle est intubée mais ça va. 2 jours après, l’annonce, le choc, l’échographie cérébrale et l’électroencéphalogramme ont montré des tâches dans le cerveau, des lacunes, des trous, à cause de la césarienne tardive, ma petite à manquée d’oxygène, son cerveau a souffert, le pronostic est sombre.

Quelques jours après le diagnostic est confirmé, leucomalacies péri-ventriculaires bilatérales soit un stade 4, le stade le plus grave, le stade végétatif. Mon petit amour respire à présent toute seule, elle nous sourit, elle se bat chaque jours pour vivre avec nous, mais parfois sa petite jambe devient toute bleue, mon cœur de maman voudrait la garder avec moi, mais ma tête d’infirmière sait qu’elle souffrira alors son papa et moi décidons de mettre fin à son combat et ses souffrances à venir, dix jours après sa naissance.

Elle s’envolera en réa avec assistance respiratoire, dans les bras aimant de son papa et tenant tendrement la main de sa maman.

Mon petit amour, ma petite Maylis, saches que ton papa et moi t’aimons du plus profond de notre âme, saches que nous sommes très fier de toi, de ton courage, de ta force, de ton combat pour la vie. Je sais que malgré la fin tragique, ma grossesse n’a pas été vaine puisque j’ai eu le bonheur de te rencontrer. Prends soin de toi ma belle, j’aimerais te dire de ne pas pleurer mais moi, je pleure chaque jours que Dieu fait d’être aussi loin de toi.

Saches mon amour que si nous avions pu, nous t’aurions gardé, sois en sûre, pour un stade 1 ou 2 voir 3, nous t’aurions gardé, le handicap ne nous faisait plus peur, tu étais et es notre enfant, nous nous serions battu tous les 3, mais nous n’avions pas le droit de t’infliger une vie végétative étrangère à tous sentiments humains. D’où que tu sois, j’espère que tu nous vois, que tu sais qu’on pense à toi, qu’on t’aimera pour toujours et que jamais on ne t’oubliera.

J’espère que toi non plus tu ne nous oublis pas, et que tu te rappelles les chatouilles que je te faisais au travers de mon ventre et les berceuses que te chantait ton papa en réa.

JE T’AIME. Papa et maman

Sylvain et Maïté, septembre 2008