Mathis

Mathis, mon ange, ma fierté

Voici l’histoire de Mathis, une grossesse commencée sur les chapeaux de roue mais sans problème particulier.

Le 13 septembre 2008 j’apprends que Jérôme et moi allons être parents.

Mais à l’échographie on s’aperçoit vite qu’il y a un petit souci: hématome rétroplacentaire et 2 placentas dont un qui s’est arrêté d’évoluer. Celui qui reste est beaucoup plus avancé qu’on le pensait. Bébé à déja 16 semaines de vie in utéro.

Très vite, tout se remet en place et ma grossesse se déroule le mieux possible.

La dernière échographie montre un léger soucis : Mathis est par le siège… Moi qui avait rêvé d’un accouchement par voix basse, c’est raté !!!

Nous sommes début janvier et rien ne va plus : je n’arrête pas d’aller mal.

Je me rends à mon dernier rendez-vous prénatal pour programmer la césarienne et faire les examens de routine… Je n’oublie pas de dire au médecin que la veille j’ai eu un gros malaise pendant lequel je délirais alors que j’étais seule à la maison… A la question « Avez-vous senti bouger votre bébé ? » je suis bien obligé de répondre que je ne sais pas, que je ne m’en souviens pas… Et les reproches de mon gynéco fusent : « il vous fallait appeler les pompiers ou venir » J’ai beau lui expliquer que je n’étais pas en état, il n’y a rien à faire…

Il fait une échographie pour voir, mais il ne voit rien… il n’arrive pas à trouver les battements cardiaques… Il part déranger le médecin qui m’a vue la veille pour la version… Mais je sais qu’il y a un vrai problème… J’ai bien vu que le cœur de mon tout petit ne battait plus… Notre fils venait de partir pour toujours…

Le deuxième médecin entre et regarde lui aussi… J’entends encore les mots qu’il a prononcé : « Plus d’activité cardiaque ». Je suis sous le choc de la nouvelle. Je n’arrive pas à exprimer quelque émotion que ce soit…

On m’hospitalise en urgence pour me faire accoucher. Mais il me reste encore à dire à Jérôme que notre bébé s’en est allé… qu’on ne rentrera pas à la maison avec…

Il arrive immédiatement… Il est livide… je ne crois pas l’avoir déjà vu aussi paniqué et triste… Mais moi je me sens coupable. Coupable de ne pas être venue plus tôt, coupable de ne pas avoir été assez vigilante, et pourtant je sais que ce n’est pas de ma faute…

Le seul ennui est que JE NE VEUX PAS ACCOUCHER. Dans ma tête, il y a encore un espoir… peut-être qu’ils se sont trompés !!!

Les contractions commencent vers 9h le 25 janvier 2008, je n’arrive pas à me calmer, j’ai mal, j’ai peur, je pleure… Je vais sous la douche sur les conseils d’une sage femme pour me calmer en attendant d’aller en salle d’accouchement…

Ça ne tardera pas…

On me pose la péridurale. Elle a à peine le temps de faire effet que mon tout petit arrive. Le papa ne veut pas le voir mais veut rester avec moi…

Mathis est né sans vie à 14h10 en moins de 10 minutes… Je n’ai pas pu le prendre dans mes bras vu que Jérôme ne veut pas voir (comme pour ne pas voir la réalité)… Mais je veux des photos, des empreintes, tout ce que je peux avoir comme souvenir…

Ce jour-là j’ai vu énormément de monde, ça m’a permis de ne pas sombrer. Ca m’a permis aussi d’avoir le courage d’aller voir mon fils à la morgue.

J’avais beaucoup d’appréhensions : avait-il changé de couleur, avait-il des malformations qui auraient pu expliquer sa mort?

Je suis entrée en pleurant et sortie en souriant. Je n’ai malheureusement pas pu rester aussi longtemps que je voulais, je n’ai pas eu le courage de le prendre dans mes bras (je ne voulais pas l’abîmer pour donner toutes ses chances à l’autopsie). Il était beau, rose, bien joufflu, on aurait dit qu’il souriait. J’ai pris des photos, autant que mon appareil a pu…

Mathis a été béni le jour de son enterrement.

Avec Jérôme on a voulu un crémation, (en quelque sorte on nous rendait notre bébé, certes dans une urne, mais on nous le rendait). On a fait celer l’urne sur le caveau familial de telle sorte que quand on va le voir dans sa dernière demeure, on le voit, pour de bon, pas comme s’il était en terre… On peut le toucher.

L’autopsie n’a rien révélé au niveau de notre fils si ce n’est un caillaux qui est remonté jusqu’au cerveau… Les médecins pensent que j’ai fait une chute de tension et que j’ai donc arrêté de l’oxygéner pendant au moins 3h. Les prises de sang ont révélé un fort déficit en prétéines S (ce qui expliquerait la thrombose veineuse profonde que j’ai fait).

Ça fait aujourd’hui 5 mois que Mathis est parti rejoindre ses copains les anges… On pense à lui tout le temps. Quand on prend l’avion on en profite pour lui faire coucou sur son petit nuage…

Les fêtes sont horribles sans lui.

Nous ne vivons que dans l’espoir qu’il soit heureux là où il est.

Notre plus grande fierté s’en est allé…

Mathis nous a permis de devenir une famille. Nous espérons tous les jours lui donner un petit frère ou une petite sœur…

Mathis, à jamais tu fais partie de nous… Tu resteras toujours notre premier enfant, notre plus grand bonheur. Pardonne-nous de ne pas avoir su te donner la vie…

Les 8 mois qu’on a passés ensemble n’ont été que du bonheur. Veille sur nous… ON T’AIME POUR TOUJOURS. TU RESTERAS A JAMAIS DANS NOS CŒURS MEURTRIS PAR TON DÉPART.

PAPA ET MAMAN

Jérôme et Amandine, Juin 2008