Loreline, 10 ans après

Cela fera bientôt dix ans que j’ai perdu Loreline, à la 22ème semaine de grossesse (j”avais auparavant fait 3 fausses-couches précoces et mis au monde une petite fille qui a aujourd’hui 14 ans). Une immense douleur m’a alors envahie : le ciel s’est bien sûr abattu sur nous, sur moi … Un deuil long, difficile, vécu dans un sentiment d’isolement … des milliers de questions, d’incertitudes, et des larmes et encore des larmes …

Il m’a fallu comprendre afin de vivre ce deuil si particulier. J’ai alors lu (des ouvrages de France et du Canada), étudié (repris mes études en préparant une recherche sur le deuil périnatal dans le cadre d’un Diplôme Universitaire En Pratiques Sociales), rencontré (des équipes françaises (notamment Maryse Dumoulin à Paris entre autre), belges et canadiennes).

Et ce travail, et le temps ont oeuvré …

La douleur est là, toujours aussi profonde, aussi charnelle, aussi sensible. Il y a encore des larmes bien sûr, mais la vie est en train de vaincre et “je me réinvestis” …

Je n’ai pas emporté le corps de Loreline, cela ne nous a pas été proposé et je n’en ai pas eu la pensée (il faut dire que j’ai fait une CIVD lors de mon accouchement et je n’étais pas en forme ni psychologique ni physique à ma sortie de l’hôpital).

A la demande d’Auréane (ma grandette) je viens de contacter l’hôpital dans lequel j’ai accouché (à Toulouse) afin de demander si des photos avaient été prises : hélas, non. Mais on m’a fourni un certificat de naissance d’un enfant sans vie qui fait que désormais nous allons pouvoir faire inscrire Loreline sur notre livret de famille. Ses cendres ont été dispersées au jardin du souvenir d’un cimetière toulousain : nous irons très bientôt  tous les trois la faire reconnaître et nous recueillir …

Rien n’adoucira  la terreur ressentie d’avoir laissé , “abandonné par la force des choses” le corps de mon bébé … mais cela nous permettra de “poser” notre souffrance : un pas de plus vers l’accomplissement du deuil.

Si, au final, j’ai eu la force d’avancer, de progresser, c’est grâce à tous ces contacts chaleureux, à cette écoute, celle-là que vous offrez si généreusement, et je ne saurais vous dire ma gratitude devant tant d’humanité. Continuez ….

Humblement et avec beaucoup de respect pour chacun(e)

Novembre 2003