Bonjour,
J’ai parcouru avec émotions votre site et plus particulièrement la page “son histoire, votre histoire” et je souhaitais aussi témoigner.
Notre histoire débute par une histoire d’amour un peu particulière comme sans doute de nombreux couples. Séparée de mon premier amour de 15 ans, j’essayais de guérir de mon ancienne vie dans un lit d’hôpital en me disant que je ne retrouvais jamais quelqu’un d’aussi bien à 34 ans. Lui, célibataire depuis un an, s’était réfugié dans le sport pour oublier son histoire de 6 ans où son désir de devenir père avait eu raison de leur couple puisque sa compagne ne voulait pas en entendre parler. Nous avons échangé quelque peu nos expériences par mail puis il a insisté pour venir me voir à l’hôpital et depuis nous ne sommes plus jamais quittés. Nous avons aménagés ensemble peu de temps après, nous sommes partis en vacances et nous n’avons pas hésité une minute à nous imaginer parents.
Je suis tombée enceinte le 8 janvier 2016 après 7 mois d’essais. Les premiers mois ont été difficiles avec des nausées fréquentes, de la perte de poids, des sensations de mal de mer … Nous avons découvert tout émus notre bébé lors de la première échographie, un bébé avec déjà des mains et des pieds et son petit cœur qui battait. Il bougeait beaucoup, cela avait fait beaucoup rire le futur papa d’ailleurs. Puis le quatrième mois, super, plus de nausées et un gros bidou de 6 mois !!!! Tout allait bien, deuxième échographie prévue le 27 mai 2016 et juste avant une semaine de congés pour souffler un peu.
Départ pour l’Espagne et le mardi 17 mai début de notre cauchemar. Le soir j’ai de grosses douleurs en bas du ventre, comme une infection urinaire. Chéri me rassure, le bébé doit prendre sa place. Je fais des allers et retours aux toilettes pour faire pipi et puis le choc une poche qui éclate et je perds de l’eau, des tonnes d’eau … tout s’enchaîne, ambulance et hôpital. Tant bien que mal on explique, puis à l’échographie plus de liquide amniotique. Le verdict du gynécologue : le bébé va mourir, la grossesse est trop tôt, il ne peut pas vivre sans liquide et il faut avorter. Nous décidons de rentrer en France le lendemain après des heures passées aux urgences avec une perf.
Mercredi 18 mai 2016, après 2h de sommeil on prévient notre famille en pleurs dès 7h. On appelle les urgences en France qui nous conseillent de rester en Espagne car je pourrai accoucher dans la voiture. Il est 9h00, on fait les valises, on demande à ma mutuelle un véhicule de rapatriement. Après 2h d’attente, on décide de rentrer par nos propres moyens à l’hôpital et de faire les 3h de route allongée pour moi. Nous arrivons en début d’après-midi et les examens s’enchaînent : échographie, vérification du col, prise de sang, analyse d’urine …. Même diagnostic qu’en Espagne, plus de liquide amniotique et les chances qu’il se renouvelle sont minimes. Jeudi 19 mai on m’informe que je peux rentrer chez moi sous surveillance et 10 minutes après à l’échographie on m’annonce que le bébé n’a plus d’activité cardiaque. On m’explique ensuite qu’on va me donner un cachet pour dilater le col et du coup favoriser l’accouchement. La nuit a été horrible, j’avais peur, je ne voulais pas accoucher c’était trop tôt. Vendredi 20 mai au matin, les contractions sont trop intenses, il faut y aller. Un moment interminable, horrible, stressant …. Mon chéri est là à côté de moi à me donner la main. Je sens qu’on me prend mon bébé et je chuchote à mon chéri “il est mort, tout est fini, bébé est parti”.
Depuis ce jour, je pleure et pleure encore. Je devais donner la vie et j’ai donné la mort à un bébé de 375 grammes aux empreintes de pieds si petites … Je n’ai pas tenu ma promesse à mon chéri de lui offrir ce bébé d’amour. Mon cœur est lourd, ma vie et ma maison sont vides. Pour les autres c’est une fausse couche pour moi c’était mon bébé. “Lilou or Jules” c’est le titre que j’ai décidé de donner au blog que je tiens depuis. J’y partage ma peine, mes questions, mes envies de rien, mes coups de blues, mes cris … Je pense souvent à lui et aux parents qui sont comme moi, seuls à comprendre ce que je vis. Alors si vous avez besoin de partager vos émotions, voici mon blog.
Milène – une maman en devenir je l’espère ….