Ellyn

Début 2009, avec ton papa on emménage enfin ensemble après 8 ans d’amour dans une jolie location avec trois chambres, en pensant fortement à l’avenir avec un futur bébé.

On en parle régulièrement. Le 11 juillet 2009, c’est décidé j’avale la dernière pilule.

Et c’est partie pour la grande aventure de l’attente… mais cette aventure est de courte durée…

Effectivement fin août je suis enceinte…

J’ai 25 ans (bientôt 26 à ce moment là) et ton papa vient d’avoir 28 ans.

Le 12 septembre je fais un test urinaire au réveil… positif. Le grand bonheur. On file direction le laboratoire d’analyse afin de confirmer par une prise de sang. Réponse positive dans l’après midi… le bonheur total.

Le 4 novembre 2009, première échographie…petit bébé parfait qui gigote comme il faut sans aucun problèmes. On peut enfin l’annoncer à la famille.

Je suis arrêtée début décembre pour des contractions, et avec mon métier d’aide à domicile on ne prend aucuns risques.

La grossesse se poursuit sans problème.

La deuxième échographie a lieu le 13 janvier 2010. Tu es une petite fille…mon rêve.

Tu es en siège mais pas alarmant pour le moment… Tu es aussi une chipie, impossible de voir ton visage, ton cordon le cache d’un coté et de l’autre tu t’amuses avec tes pieds…

Le gynécologue te trouve un petit peu petite par rapport à « la normale »… On reprend donc un rendez vous pour une échographie de contrôle.

Elle aura lieu le 24 février… Confirmation, tu es bien une petite fille et tu nous montre enfin ta petite bouille. Tu es remontée dans la norme pour le poids et la taille. Tu es toujours en siège.

La dernière échographie a lieu le 6 avril…

Les mesures sont bonnes, ton cœur est parfait, pas de malformation, bébé en parfaite santé…

Seul soucis, tu te présentes toujours en transverse siège…ce sont tes petits pieds qui se présentent en premier.

Je me fais suivre à présent par les médecins et sage femme de l’hôpital où je vais accoucher.

Le 26 avril, une dernière échographie de contrôle, tout va très bien, mais toujours cette position… On m’annonce aussi un petit bébé. Tant pis du moment que tu es en bonne santé.

Je passe donc un scanner pelvien pour savoir si je peux accoucher par voie basse…

Ca ne sera pas possible, on programme donc la césarienne au 18 mai 2010, car pas de place avant au bloc…

A la maison, on t’attendait avec impatience, ta chambre est prête, tout est acheté pour ta venue.

Mais le 12 mai le cauchemar commence.

Je me lève vers 4h00 pour aller aux toilettes comme toutes les nuits à vrai dire…

Ayant quelques pertes je dors avec une protection de nuit et ne me rend compte de rien tout de suite. Une fois mon envie fini, je me rends compte que ca goutte…

Je perds les eaux… c’est sur. Je remonte ma culotte afin d’aller prévenir ton papa de ton arrivée. Et là, je me rends compte que ma protection est remplie et que je suis donc a la fin de la perte des eaux.

Le temps que ton papa se lève, je retourne aux toilettes pour me changer…

Au moment de m’essuyer…l’horreur !!! Je me retrouve avec ton cordon ombilical entre les doigts. La fameuse procidence du cordon, évènement si rare, seulement 0.07% des accouchements par an. On ne pense jamais que ça peut nous arriver à nous.

Je pousse un cri d’effroi, pendant que ton papa appelle les secours…

Quand le SAMU est arrivé il n’y avait plus que 90 pulsations à ton cordon. Il nous faut environ 20 minutes pour atteindre l’hôpital… Ton pronostic vital est très fortement enclenché.

Arrivée bloc, une dizaine de personnes me tourne autour. On me découpe le t-shirt, on me pose un masque à oxygène, une sonde urinaire, et là les dernières paroles que j’entends.

« On ouvre en urgence, plus de battements cardiaque ».

En salle de réveil, ses dernières paroles me résonnent encore dans la tête…je crie, j’appelle, je pleure…

Ton papa est à présent à mes côtés… Il me présente une photo de toi, et me dit que ton petit cœur bat mais que tu es en très mauvais état.

Le SAMU est là pour venir te chercher pour tenter le tout pour le tout mais ils ne sont même pas sûrs que ton petit cœur tiendra le choc du trajet ayant eu des convulsions à ta naissance.

Ma petite Ellyn, tu es née le 12 mai 2010 à 5h03. Ta taille et ton poids resteront à jamais flous : environ 51 cm pour 3.2 kg. Je n’ai le temps de te voir que quelques secondes avant ton transfert… Tu es tout simplement magnifique.

A T., ils se sont occupés de toi comme ils ont pu.

Tu as été mises en hypothermie du jour de ta naissance le 12 mai jusqu’au 16 mai au matin afin de faire travailler ton cerveau le moins possible…

Le 13 mai, malgré ma césarienne je fais l’arrêt retour en brancard du 41 à Tours pour venir te voir. Tu es là, inerte sur ton petit lit, enroulée dans ta couverture thermique, un tuyau dans la bouche, deux tuyaux dans le nez, des capteurs partout, une sonde urinaire, une sonde anale, des perfusions… et environ 8 machines qui bipent de partout autour de toi.

Tu es stable mais aucunes améliorations.

Le 14 mai, je suis transférée dans un hôpital de T. afin d’être au plus près de toi et de protéger ma cicatrice de tous les transports…

Je vais te voir dès que je le peux.

Le samedi 15, il commence à te remonter en température pour voir si des petites connexions neurologiques ont lieu ou pas…

Notre espoir est déjà bien loin malheureusement…

Le dimanche 16 au matin, le réchauffement est terminé, tu dois subir un encéphalogramme… le résultat est totalement négatif…rien ne bouge.

Le 16, l’après midi, on te baptise par l’aumônier de l’hôpital. Papi, mamie, tonton et tata sont présents tous les 4. Ton tonton tient malgré tout à être ton parrain, comme cela aurait du être en temps normal et ta tata se porte volontaire pour que tu es une marraine. Je t’ai enfin dans mes bras.

Le 17 au matin ils te refont un encéphalogramme et un IRM… rien ne veut se mettre en route.

Tu ne peux pas vivre sans ton respirateur.

Nous avons donc eu le choix le plus déchirant de toute notre vie…te laisser rejoindre les petits anges.

Je t’ai prise dans mes bras pour ce dernier voyage…

Dès que ce petit tuyau est sortit de ton nez tu as arrêté de respirer…tu étais sous morphine pour éviter tous soubresauts.

Ton petit cœur a mis une demie heure à s’éteindre. Une demie heure où j’ai eu envie de crier pour qu’on te rebranche, envie de te secouer pour que tu respire de toi-même, une demie heure à espérer que tout ça n’était qu’un cauchemar, que j’allais me réveiller avec mon bébé en bonne santé dans les bras… La demie heure la plus longue de ma vie.

La dernière phrase du docteur : « elle est partie, c’est fini… »

Tu as été rapatriée le 18 à la chambre funéraire. Avec ton papa, nous sommes venue te voir tous les jours, jusqu’au 21 mai.

Le 21 mai, une journée longue et éprouvante.

Avec ton papa nous sommes venus te voir le matin, pour la dernière fois tous seuls. Se retrouver seulement tous les trois.

En début d’après midi, ma famille est venue te voir. Tu étais déjà placé dans ton petit cercueil… Puis le moment dur de la journée est arrivé. Ne pas hurler quand on a fermé ton petit cercueil. Accepter de ne pouvoir te voir que dans nos souvenirs.

Tu as eu une petite bénédiction, dans le village où tu aurais dû grandir entre nous…puis tu as été incinéré.

Ensuite tu as été déposé au cimetière. Ce jour là le soleil nous a suivit tout le temps…ton prénom signifiant « éclat du soleil », nous savions donc que tu étais bien présente.

Une fois au cimetière, ta petite urne d’albâtre blanche a été posée sur une tablette afin que l’on se recueille une dernière fois autour de toi. Un rayon du soleil l’a traversé, et j’ai pris cela comme un dernier au revoir de ta part, comme un clin d’œil.

Avec ton papa nous t’avons porté à deux pour te déposer à côté de l’urne de mon grand père, ton arrière grand papi, décédé un mois avant ta naissance. Quand j’ai déposé ton urne j’ai eu comme un soulagement.

Je sais que tu seras bien entourée là haut. Tes arrières papis veillent sur toi pendant que tu veilles sur nous.

Les jours sont souvent très vides, et c’est très dur sans toi à nos côtés.

Veille sur nous ma douce Ellyn…et quand nous serons prêts avec ton papa, tu nous aideras à te donner un petit frère ou une petite sœur.

Nous t’aimons tellement fort mon ange, tu resteras notre grande, notre tout premier bébé tellement désiré, notre princesse, notre petite étoile…

Ta maman et ton papa qui t’aiment !!!

Audrey et Mathieu, juillet 2010