Ellie

Notre petit rouge gorge s’est envolé le 2 octobre dernier.

Nous ne saurons jamais exactement quand notre petite fille a déployé ses ailes, nous avons gardé cette date, celle de sa mise au monde, sans vie, à terme.
Ses petits pieds ont cessé d’exister sous mon nombril et l’échographie nous dévoila la vérité : implacable! Ellie n’ouvrira pas ses petits yeux, Ellie jamais ne laissera l’oxygène lui arracher son premier cri, Ellie ne sentira pas mes larmes chaudes couler sur son petit visage frais.
Un cordon nous a séparé, un cordon qui nous reliait… Les cordons sont farceurs, mais là, la blague était vicieuse, inappropriée.
Qui m’a volé ma petite fée trois jours avant mon terme? Qui a trouvé cela justifié?
Qui a ri de me voir attendre pendant deux longs, interminables jours que mon corps se décide enfin à laisser s’en aller Ellie?
Personne, personne n’a ri, le monde entier pleure, le monde entier se décompose, la terre s’ouvre afin d’en contenir les larmes.
Je ne sais pas pourquoi tous ces gens sont déconfits à ma vue, pourquoi ils me trouvent courageuse, moi je n’ai juste pas le choix, personne ne m’a demandé mon avis.
Et puis culpabilité, colère, desespoir, pâleur de l’âme, joies courtes et pensées obsessionnelles.
Se fondre dans le paysage automnal qui s’installe.

J’ai fait incinérer ma petite fille avec des tonnes de fleurs… Il y a plus de cendres de fleurs que de cendres d’Ellie!
Cependant elles nourrissent désormais les racines de l’arbre que l’on a planté pour elle… Redonner la vie!

La vie l’emporte et c’est ainsi, le monde n’aura pas l’honneur de la connaitre, les nuages l’ont accueillie et c’est ainsi.
Ma princesse des étoiles, tu es toujours au creux de mon ventre.

Marine, octobre 2012