Voici le témoignage de Laurie, maman de Clément (entre autres), mis au monde le 30 août 2013
Le 30 août 2013 fut donc le jour de cette merveilleuse rencontre (oui on était un peu shooté, sous le choc) avec notre premier enfant !
Nous avions rendez-vous le matin pour une admission directement en salle de naissance. Je vous passe les détails de vérifications gynécologiques et autres cachets à avaler pour déclencher l’accouchement.
Depuis 48h, les sages-femmes nous parlaient (passage obligé) de paperasse, choix d’une autopsie ou non, contacter des pompes funèbres, rencontre possible avec l’aumônerie de la clinique… Nos proches contactaient mon kiné qui avait laissé un message répondeur car je ne m’étais pas rendu à mon rdv, la caf, ma mutuelle pour des demandes d’aide pour les funérailles…
Ce matin là, Rachel entre dans la pièce qui allait être notre refuge pour la journée, la pièce qui serait le lieu de la plus forte et la plus cruelle rencontre de nos vies, celle qui serait le témoin d’une naissance dans le silence…
“On va accueillir ce bébé comme il se doit, comme c’était prévu !”
Les mots étaient posés, le lien était créé !
C’est pendant mes premières contractions que me sont venus les mots qui figureraient sur le faire-part de Clément. Je les notais dans mon téléphone afin d’en garder la trace.
Le travail avançait bien, mes positions pour aider Clément à venir nous rencontrer étaient intuitives. J’avais eu le temps, tout juste, d’apprendre la poussée et la respiration lors des cours de préparation à l’accouchement. Ça devait me servir, j’avais décidé que ce n’était pas pour rien, ça me servirait, je serai active !
Rachel nous confiait qu’elle venait se poser avec nous avec plaisir, dans le tumulte d’une journée bien remplie, nous l’accueillions dans notre bulle. Elle nous confiait son empressement à connaître le sexe de notre bébé, son prénom. Je lui confiais mon impatience à connaître sa couleur de cheveux, “j’aimerais bien un petit roux !”
Rachel devait finir sa journée à 20h.
Alors qu’elle revient dans notre chambre, elle me voit assise sur le lit, en train d’onduler du bassin (péridurale fortement dosée donc pas debout), face à sa surprise je lui dis “bah oui, si je veux accoucher avant 20h il faut bien que je travaille !” 😊
14h. Rupture de la poche des eaux, on découvre qu’il y a eu “souffrance fœtale”.
Puis ça avance plutôt vite.
Il est temps de pousser.
Rachel voit sa tête.
“J’ai envie de faire un truc… Vous me faites confiance ??!”
“… Oui”
Rachel prend un miroir et le positionne de façon à ce qu’on voit apparaître le début d’une chevelure… toute noire !!
Un bébé tout brun !
Difficile de regarder ailleurs qu’à cet endroit, nous sommes captivés !
Après quelques poussées nous découvrons ce qui a fait que nous ne connaîtrons jamais le son de ta voix Clément ! Tu avais le cordon doublement serré autour de ton cou.
C’est Philippe, mon gynécologue qui nous a rejoint entre temps, qui fut aux premières loges pour le découvrir avec sa femme (Rachel).
Puis Rachel te pose sur ma poitrine, nous tombons amoureux de ce visage si parfait, si paisible, si doux, de ce petit corps si souple, si chaud, si lourd.
Tu es parfait !
C’est nous qui avons fait ça ? Je me sens si fière ! C’est indescriptible. J’ai l’impression d’avoir le monde à mes pieds, d’être une guerrière !
Clément, tu m’auras donné le goût des accouchements, grâce à toi je n’ai pas peur de cette intensité que procure un tel acte ! C’est tellement puissant !
C’est Rachel qui a eu l’esprit, d’un coup, de demander si nous avions regardé si tu étais une fille ou un garçon ! Oups ! Nous étions déjà tellement absorbés.
“Coucou Clément !”
Rachel proposera de venir te peser et te mesurer près de moi en voyant dans mon regard le déchirement que c’est de devoir te quitter des yeux ne serait-ce que 2 minutes.
46cm, 2kg160. Né à 16h23 (il a fallu regarder sur le monito l’heure d’arrêt des contractions).
Rachel t’habille avec le pyjama 1 mois que nous avons prevu (nous laissons tomber l’idée de te mettre tes chaussettes ridiculement trop grandes, elles sont avec nous désormais), puis nous dit que ça serait bien que nous te présentions à tes grands parents.
Une rencontre gravée en moi.
Avant cela nous prenons quelques photos (7 en tout et pour tout, toi dans mes bras, puis en pyjama dans les bras de ton papa et dans les miens, toujours tous les 3).
20h sonne l’heure où nous confions Clément à Rachel, qui lui fait un câlin puis l’emmène déjà tellement trop loin de nous !