A Célestin, notre étoile
Mon bébé, voilà bientôt 3 semaines que tu as quitté mon petit corps pour rejoindre l’immensité céleste.
Voici ton histoire, notre histoire à nous.
Cela faisait plusieurs mois que je taquinais papa pour avoir un bébé, j’étais prête à devenir maman, lui l’était moins. Je lui ai promis qu’il ne regretterait JAMAIS, qu’aucun papa ne se retrouve plus malheureux d’avoir un enfant. Je lui ai promis qu’il partagerait tellement de beaux moments avec toi, que sa vie serait à jamais transformée et tellement plus belle. Il n’avait pas eu la chance de partager tout ça avec son papa mais je savais qu’il ferait tout pour son enfant, son sang. Les derniers mois de 2017 nous ont apporté succession de décès puis en janvier 2018, son beau-père s’est éteint brutalement (son cœur a cessé de battre), même date que son papa. Une épreuve difficile qui lui a ouvert les yeux sur la fragilité de la vie. Il a alors décidé de nous offrir ce dont je rêvais, un bébé, une famille.
Commence alors cette belle aventure de futurs parents. Nous avons de la chance tu es arrivé si vite. Nous étions en vacances en amoureux quand nous avons appris que tu viendrais offrir à la famille cette petite lumière après la série noire. Au mois de mars notre vie prend un nouveau tournant mais nous gardons cela bien secret, sait-on jamais tant que nous ne passons pas les 3 mois tout peut arriver, il paraît.
Nous vivons ces premiers mois comme tout futur parent, joie, inquiétude, le corps change mais tu es un brave bébé et je vis ma grossesse sans souci, pas de nausées, pas de douleurs. J’ai hâte tellement hâte de te sentir, voir mon ventre s’arrondir. « Oh, c’est que tout doit bien se passer, ne stresse pas me dit-on », « profite tu verras ta vie après ne sera plus la même. ».. (oui justement c’est bien ce que l’on attend nous, une nouvelle vie avec un enfant). Papa est optimiste, les 3 mois passent et la première échographie nous apporte sa petite dose d’angoisse, nous confrontant au risque modéré de trisomie. Après quelques jours de patience, les résultats de la DPNI arrivent négatifs !! Ouf nous sommes soulagés. Nous allons pouvoir annoncer à la terre entière que nous allons être parents, que notre tour est arrivé.
Soulagée j’attends maintenant l’échographie du 5ème mois, ça y est je te sens bouger, je partage ça avec papa et tu es encore une fois le plus merveilleux des bébés, tu réagis à chacune de nos caresses. Tu remues beaucoup, un vrai cabri. Je suis impatiente de savoir si tu seras l’exception de la famille ou si nous ferons comme mon frère et ma sœur un petit garçon de plus. Les paris sont lancés, le jour arrive c’est l’anniversaire de ta marraine et tout le monde attend impatiemment seras-tu la fille qui viendra mettre la zizanie dans notre petite équipe de garçons ? Le suspens ne dure pas longtemps car c’est la première chose que tu montres à l’écran. Tu n’es pas une exception et c’est parrain qui sera content, lui qui espérait un garçon. C’est un moment magnifique, on compte tes doigts, tes orteils, chaque partie de ton corps est vu à la loupe tu bouges, tu bouges comme à ton habitude, nous sommes heureux, excités, oui nous allons vite chercher le papier peint en sortant, ce qui terminera ta chambre, une chambre de garçon !! Puis vient le dernier organe, vital, le plus important celui qui symbolise l’amour et qui symbolisera ta perte… Ton petit cœur, un rythme normal mais un fonctionnement anormal. Et c’est là que tout bascule. Nous sommes envoyés 2h plus tard chez un médecin très réputé en cardiologie. Après 45 minutes à passer la sonde échographique sur ton cœur le visage du médecin trahit immédiatement la gravité de ce qu’elle va nous annoncer : « C’est très mal engagé. Je vais en discuter avec mon confrère. Il est possible qu’il décède in utero ». Ce que l’on a compris : Jamais vu, il faut continuer les examens, c’est un cas étrange, comment peux- tu te développer si bien avec un cœur qui fonctionne si mal ? Papa qui pensait que tout irait bien vient de prendre une grande claque, maman pleure. Nous rentrons dévastés, la tête remplie de questions. Nous allons passer 2 semaines et demi d’examens. Nous enfilons notre carapace super protectrice. Il faut être fort car tu es encore là et tu te bats. Nous ne pouvons pas t’abandonner même si nous savons, tu partiras avant que tu ne rencontres la famille, les amis, nous serons les seuls à te connaître et les instants partagés seront brefs. Prises de sang, échographies, amniocentèse, l’hôpital devient notre maternité et nous arpentons les couloirs plusieurs fois par semaine. J’obéis, tel un robot, on me dit que je suis courageuse, on nous dit que nous sommes épatants, que nous pouvons pleurer, que c’est normal de souffrir. On nous parle comme si nous allions vivre un drame et nous le savons mais je ne mesure pas l’ampleur de ce qui m‘attends après… Je suis spectatrice de ma vie, je veux profiter de chaque minute qui me reste avec toi mon bébé. Je ne veux pas que tu ressentes l’angoisse, la douleur, je veux que tu passes tes derniers jours dans un endroit calme et agréable. Les autres pleurent pour nous, je me sens tellement forte, on est des parents exemplaires mon bébé, on est courageux comme toi ! Je me prépare à t’accueillir et te laisser partir. Mes jours, mes nuits sont hantés par ce jour où tu croiseras nos regards. Je veux te voir, te serrer contre moi, sentir ta peau, t’embrasser, passer de longues minutes avec toi car ce sera les seules de toute notre vie. Je veux faire le mieux qu’une maman puisse faire pour son tout petit.
10 jours ont passé, j’attends le résultat de la réunion pluridisciplinaire, et oui mon bébé, ils vont devoir décider si oui ou non ce qui te touche est grave et incurable et nous autoriser à mettre fin à tes jours… Mais depuis la veille au soir maman est inquiète, pas un seul mouvement de ta part, j’ai beau te stimuler tu ne réponds pas. J’ai peur, j’ai un mauvais pressentiment. Je prends mon mal en patience et attends encore 24h avant d’aller aux urgences. Papa m’accompagne et nous pensons vraiment que tu t’es éteint, mais non tu es encore là, tu te bats encore ! L’échographie montre cependant quelques signes de faiblesse, effectivement tu ne bouges plus beaucoup, voire pas du tout mais ton cœur bat. Puis le médecin nous annonce que tu as de l’ascite. Ce mot je le connais bien car moi aussi je travaille dans le médical (certes avec les animaux mais c’est pareil). Je regarde ton papa et lui dis que nous n’avons plus à nous poser de questions, notre décision sera la bonne, tu ne tiendras jamais jusqu’à 9 mois.
L’IMG est acceptée mais on nous demande d‘attendre 2 jours, notre rendez-vous prévu, pour discuter de ça. J’essaie de profiter de ces deux jours mais tu ne réagis plus, tu n’es plus là pour moi, vite nous devons te trouver un joli prénom, un prénom d’étoile. Notre dernier rendez-vous confirmera mon instinct de maman. Ton cœur s’est arrêté. Tu nous quitteras à jamais le lendemain.
Le 11 août 2018 à 19h17 est né sans vie notre petit Célestin, notre ange.
Mon bébé parfait jusqu’au bout, tu es arrivé très vite après 5h de travail seulement.
Papa est exemplaire il m’a accompagné jusqu’au bout, il a été présent du début à la fin sans jamais montré de signe de faiblesse.
Aujourd’hui cela fait 19 jours et ma carapace s’est brisée quelques jours après ton départ. Les regrets m‘envahissent je ne t’ai pas accueilli comme je l’avais imaginé. Quand tu es arrivé, j’ai vu ton petit visage et j’ai eu mal, si mal. Je n’ai pas voulu te garder longtemps, je n’ai pas pu sentir ta peau sur la mienne et ton petit corps sans vie, ta peau si fragile, m’ont refroidie. Je me suis contentée de regarder ton visage et t’embrasser le front. Si l’on pouvait recommencer je te considérerais mieux mon fils. Je n’aurai plus peur. Le lendemain, je n’avais qu’une envie rentrer chez nous, comment ai-je pu vouloir tourner la page sur toi si vite, pourquoi n’ai-je pas profiter du temps qu’on m’accordait à tes côtés puisqu’il est maintenant trop tard ?
Célestin j’espère que tu as ressenti l’amour, la force, le courage que nous avons eu grâce à ta présence.
Tu as fait de moi une maman, de nous des parents. Aujourd’hui tu n’es pas là et je suis en colère. Les promesses faites à ton papa n’ont pas été tenues. Tu ne partageras pas de merveilleux souvenirs avec ton papa, je lui ai offert un fils mais un fils qui n’a pas eu le temps de poser son petit pied sur terre qu’il rejoignait déjà les étoiles. Le bonheur que nous attendions à laisser place à la douleur et la tristesse. Nous avons vécu le plus beau jour de notre vie mais également le plus douloureux.
Mon bébé si tu savais comme on t’aime, si tu savais comme je ne suis plus forte sans toi. Si tu savais comme j’ai honte parfois d’espérer te faire si vite un petit frère ou une petite sœur. Tu nous as transformés, tu nous as soudés. Je sais à présent ce que c’est qu’être une maman, que porter un enfant nous rend si importante, si responsable, si différente.
Célestin, notre petit ange de l’amour. Tu es à jamais dans nos cœurs, tu fais partie de notre vie, tu as fait de nous une famille.
Nous t’aimons, Je t’aime…
Mam’ange de Célestin 11/08/18