Camille

Une histoire, notre parcours

C’est en décembre 2008 que nous décidons de mettre en route notre premier enfant. Les mois passent et finalement après 1an et demi d’attente en juin 2010, j’ai le bonheur d’apprendre que je suis enceinte. Bonheur de courte durée puisque je fais une fausse-couche à 4 semaines de grossesse. Chagrin et déception sont mes sentiments du moment, s’ajoute à cela la froideur et l’indifférence de mon médecin et de l’échographiste, « une fausse couche c’est banal » s’entend t-on dire, mais pourtant tellement tabou.

La vie reprend son cours, avec l’espoir de tomber à nouveau enceinte, il me faut attendre presque un an, et en avril 2011 je suis de nouveau enceinte. Je passe avec succès les trois premiers mois non sans une certaine appréhension, et à ce moment-là je me dis que qu’en janvier 2012 nous aurons enfin la chance d’être d’heureux parents. Quand mon ventre commence à s’arrondir, les projets grandissent également avec le choix de la crèche, la poussette, le mobilier, les vêtements…

Et puis, le 24 août 2011, lors de mon échographie du 5° mois, le verdict tombe : « Ce bébé ne va pas bien du tout ». J’ai l’impression de vivre un cauchemar, je vais me réveiller, ce n’est pas possible… et pourtant c’est bien la réalité. Je passe les 15 jours suivants entre attente et examen, tout d’abord pour confirmer le diagnostic puis pour suivre l’évolution qui est très rapide. C’est une période très difficile puisque je sens ma fille bouger en moi, je vois mon ventre tous les jours, les maladresses de l’entourage « Tu es jeune, tu en auras d’autres », « Au moins tu sais que tu peux avoir des enfants », j’ai envie de crier, mais je n’en ai pas la force « C’est un être humain que je ne pourrais pas remplacer ».

Dans le même temps, ces derniers jours que je passe avec ma fille me permettent également de prendre conscience que j’accompagnerais ce bébé peu importent les décisions que nous devrons prendre, je caresse mon ventre et je lui parle pour lui dire que nous l’aimons très fort et que nous ferons tout ce que nous pourrons et prendrons les meilleures décisions pour elle comme pour nous.

Lors de mon dernier examen échographique, la gynécologue nous apprend que son petit cœur s’est arrêté de battre, j’ai du mal à contenir mes larmes, cette fois-ci plus d’espoir possible tout est fini. Les contractions se déclenchent 48 heures plus tard, on me descend en salle d’accouchement, et trois heures plus tard je donne « naissance » à notre petite fille, le 7 septembre 2011. Je ne la verrais jamais, la maladie ne lui a pas fait de cadeau, je préfère donc garder le souvenir de mon échographie du 4° mois, où nous avons pu la voir bouger, et se tourner dans tous les sens, c’était merveilleux.

Pour ajouter à notre douleur, le médecin n’est pas en mesure de nous donner son sexe, il nous faudra attendre les résultats de l’amiosynthèse que nous aurons seulement 15 jours plus tard, et pourtant, nous devons la déclarer dans les 3jours. On me conseille un prénom mixte, mais je fais ma mauvaise tête, les prénoms sont choisis et il y en aura un pour une fille et un pour un garçon. Ce sera la seule chose que je ferais pour ce bébé, et je ne veux pas d’un prénom par défaut. L’administration nous accordera la possibilité de rectifier l’acte.

15 jours plus tard nous apprenons qu’il s’agit d’une petite fille que nous avons prénommée Camille.

 Aujourd’hui, 11 janvier 2012, je pense très fort à mon petit ange.

Aujourd’hui, j’aurais dû faire ta connaissance,

Aujourd’hui, j’aurais dû te tenir dans mes bras pour la 1ère fois,

Aujourd’hui, j’aurais dû croiser ton doux regard,

J’aurais dû connaître le bonheur d’être ta maman.

Laurie, février 2012