Cela fera bientôt vingt ans que mon premier bébé est décédé dans le cadre d’une IMG et je ne l’ai pas encore vraiment accepté.
J’avais dit non, plusieurs fois, à différents médecins et membres de l’entourage. Et ce sont les médecins qui l’ont proposé, qui ont insisté et nous ont pressés. L’un d’entre eux nous a demandé de prendre la pire décision de notre vie en trente six heures…
Ce n’est pas facile d’aller à l’encontre de l’avis de médecins. Trop jeune, pas assez de caractère, trop de pression, trop fragile, trop maladroitement entourée. Je n’ai pas su aller chercher le soutien là où peut-être il était.
Deux solutions étaient à envisager : l’acharnement thérapeutique après la naissance ou l’IMG. Je ressentais ces deux issues proposées comme « la peste ou le choléra ». On ne nous a malheureusement pas proposé une solution qui m’aurait paru moins douloureuse, c’est-à-dire la naissance et les soins palliatifs jusqu’à une mort naturelle.
L’IMG s’est, si on peut dire, bien passée. Antoine nous a été présenté, il a été accueilli, prénommé, habillé, photographié de manière respectueuse, enterré dans le caveau de famille, inscrit à l’état civil. Malgré tous mes regrets, je garde à jamais une immense reconnaissance pour Madame le Docteur Dumoulin, étoile d’humanité dans cette épreuve inhumaine.
Il y a quelques années, deux peintres ont pu réaliser des portraits d’Antoine à partir des photos, m’apportant ainsi un peu d’apaisement, et même une certaine joie, celle d’avoir un souvenir. J’ai également la chance de savoir où repose mon fils et de pouvoir fleurir sa tombe.
Mais je suis restée traumatisée. Parce qu’une IMG, ça doit être terrible quand on le veut, et que je ne le voulais pas.
Juliette, maman d’Antoine, décédé à 6 mois de grossesse dans le cadre d’une IMG pour cardiopathie complexe.