Bérénice

Bérénice née et décédée en octobre 2005 des suites d’une procidence totale du cordon ombilical

Voici mon récit…le nôtre…celui de ma fille Bérénice, petite fille potelée, arrachée à la vie sans raison…. sans AUCUN PROBLEME génétique ou autres malformations congénitales,etc. (Je le précise car tous les récits que j’ai lu ou que l’on m’a rapporté vis à vis d’un deuil périnatal ont trait dans la majeure partie des cas à des problèmes non décelés durant la grossesse ou à la naissance). Ce qui accroît mon chagrin et attise une certaine colère….: comment est il possible que des bébés en parfaite santé puissent ainsi mourir sans raison…. hormis celle de l’accident obstétrical …?

en mémoire de Bérénice,née le 12octobre 2005 ,décédée le 18octobre2005 ( Aveyron,Midi pyrénées).

« ….un énorme Bouleversement est arrivé dans notre foyer….je ne m’y attendais pas du tout… le Hasard, la Vie est bien injuste parfois….je vais y venir mais d’abord, je réponds à tes questions concernant mon fils Dimitri.Il a en effet bien grandi puisqu’il a déjà 2ans et demi, parle tres bien….fait des siennes parfois….enfin, un vrai petit gars plein de vie et à la fois posé, dévoué…bref, un adorable garçonnet!

Au début de l’année, j’ai appris que j’étais enceinte…c’était alors un bonheur Innomable…car je rêvais de donner un petit frère ou petite soeur à Dimitri, 2ans et demi après sa naissance.

Les mois se sont écoulés avec les habituels désagréments du 1er trimestre, les coups de fatigue, échographies et autres examens de grossesse…j’ai appris que BBn°2 était une fille… …. : “j’étais aux anges…”!!!

J’avais décidé de prendre en main cette seconde naissance : de la vivre plus pleinement que je n’avais vécu la première, accoucher selon Mes Voeux et non subir l’interventionnisme de l’équipe médicale….avec un Projet de naissance clairement établi que je comptais montrer aux principaux acteurs de l’équipe obstétricale…et puis, je souhaitais accoucher au sud de l’Aveyron, et non chez moi à Rodez….pcq j’appréciais la maternité de taille plus réduite mais ayant une équipe plus humaine,et laissant plus de libertés aux femmes….

J’avais pour cela, loué un studio ds la ville en question…où je suis allée passer 3jours….car je croyais que le moment arrivait….(entre le 5 et le 8/9 octobre)…un gynéco. m’ayant avisé pdt mon « mini séjour »(précisément le 6/10, une semaine avant le Drame), que BB arriverait de source quasi sure pas avant le 14 octobre, je décidais de partir pr revenir qqes jours plus tard…

Je n’ai en fait pas eu la possibilité d’y retourner puisque ce mercredi 12 octobre au matin….j’ai la poche des eaux qui s’est insidieusement fissurée :je n’avais pas l’impression que c’était ça …l’écoulement étant infime
Au bout de quelques minutes, j’ai compris que BB allait arriver… j’avais installé Dimitri devant un dessin animé et l’avait prévenu que c’était Le grand Jour…qu’il ne devait pas s’affoler si des gens arrivaient pr venir m’aider…

Je suis retournée à 2 reprises aux toilettes, j’avais des doutes… le liquide était trouble, blanchâtre… et soudain j’ai remarqué une petite masse tubuleuse qui commençait à descendre… paniquée sur l’instant, j’ai couru, en maintenant comme je le pouvais, la masse en question (j’avais compris q’il s’agissait du cordon!) au téléphone, le temps d’appeler mon compagnon à son travail, d’essayer de joindre ma sage femme….injoignable (bien sûr..) et finalement de m’en remettre au SAMU.

J’ai été d’urgence amenée au bloc opératoire pcq. bébé était très haut ds le bassin ,en siège depuis qqes semaines et avant tout pcq le cordon sortait en premier.. : il y avait “procidence totale du cordon”…cela laissait présumer que BB allait mourir , si les secours ne le sortaient pas très rapidement…. ce qui, techniquement parlant, chez moi, était impossible…même si la maternité la plus proche est à 5 minutes… et puis de toute manière, mon travail n’avait pas commencé ….. j’avais le col ouvert à 3…mais il n’y avait aucun signe de début de travail.

Les pompiers et l’équipe urgentiste m’ont ainsi amenée à la mater.(ds le même temps, une sage femme tentait de me refouler, à vif, le cordon…. ….. …… …….. ……je ne vous dis pas la douleur… et la panique à ces moments là… que j’ai vécu). Christophe était arrivé 5 à 10 minutes après mon appel et avait pris en charge Dimitri, qui semblait, curieusement, bien calme, en tout cas pas apeuré du tout…je lui ai souri avant qu’il ne disparaisse avec son père dans sa chambre…

J’ai d’office été césarisée, sous anesthésie générale…( et dire qu’à l’instant où j’arrivais au bloc ,je demandais une rachianesthésie …trop d’attente pr la mettre en place…je n’en étais pas consciente ou plutôt j’avais perdu mes repères!..). Qqes heures après, j’apprenais que BB était en réanimation…en service néonat. de la mater. je n’ai pu le voir qu’environ 2 heures après…On m’a transporté au service néonat. situé juste à l’étage inférieur au « mien » pour la découvrir.

Au bout de 2 jours à peine, je faisais en sorte,malgré les points qui me tiraillaient le ventre, de descendre autant que possible afin d’être à ses côtés.Les sage-femmes n’en revenaient d’ailleurs pas de me voir aussi vite « rétablie » physiquement..(j’ai eu la chance d’être opérée par un excellent obstétricien , je pense et la situation me « donnait des ailes » par ailleurs..). Tout en sachant qu’elle était dans un piteux état, car la souffrance foetale avait été telle que son cerveau était anéanti….oedèmes cérébraux…en pagaille…j’ai vite compris que les nouvelles étant très mauvaises…elle était dans le coma profond donc, il y avait peu de chances qu’elle s’en sorte… le chef pédiatre a été rapidement ,objectivement clair à ce sujet…ce qui aura permis à mon compagnon de réaliser les choses (plus vite que moi qui au fond rejetais cet état de fait) et d’entamer son processus de deuil plus tôt que moi…

Cette procidence du cordon est tres rare….0,075% des femmes je crois….à peine…d’autant plus qu’elle était totale et que le BB était en siège (encore plus rare..)et il a fallu que cela tombe sur moi,sur nous…

La vie parait vraiment injuste parfois… d’autant que rien ne laissait entrevoir une pareille fin : grossesse impeccable., bébé impeccable, actif, bassin impecc aussi, laissant présumer un accouchement par voie basse normal….des plus heureux…

Ns avons été entourés par qqes gens de ma famille, ce qui ns a permis de faire garder Dimitri ,dans notre appartement.Son papa faisant d’incessants allers-retours entre la maternité et l’appartement.

Bérénice est donc « née » le 12/10/05 vers 10h15, réanimée et placée dans un incubateur, nourrie par sonde gastrique, intubée, perfusée….en situation de dépendance absolue. Elle a souffert les 2 premiers jours de convulsions,de divers troubles liés à ces problèmes cérébraux,de spasmes…sédatée par de puissantes drogues (type gardénal,valium..hypnovel…et je dois en oublier)….une assistance respiratoire faisant battre son coeur depuis la réanimation…(son cœur s’était remis à battre) …. Ce petit coeur a tenu 4 jours de plus….ce qui a été terriblement éprouvant pr nous… et, paradoxalement, ce qui ns a permis de la « connaître » au moins durant ces 6 jours y compris durant les nuits bien sur où ns ns relayions auprès d’elle!….

Un IRM pour évaluer les dégâts causés au niveau cervical a été d’apres le pédiatre fait trop tôt…ce qui ns a valu d’attendre un jour et qqes de plus pour avoir définitivement le diagnostic : l’encéphalogramme est resté irrémédiablement plat.

Nous avons même songé à faire un don d’organes : ns espérions que son cœur puisse servir au moins à un autre enfant en difficulté…. Mais le chef de service de néo nat., nous a vite fait comprendre que cette démarche en France et en Europe en général était irréalisable : lourdeurs et aberrances administratives…incroyables…et puis, plusieurs autres paramètres devaient entrer en compte : y avait t il un receveur ? la greffe aurait elle pu prendre ???….Et puis en réalité, vu l’état de Bérénice au moment où ns avons fait notre demande, il était trop tard….drogues et autres substances avait nui aux organes ds leur ensemble…

En détresse comme jamais, au bout de 4 jours, j’ai alors demandé au pédiatre s’il n’y avait pas moyen de faire en sorte que son coma ne se prolonge pas à l’infini…L’euthanasie néonatale est illégale, aussi le pédiatre faisant signe qu’il acquiesçait ma demande, a répété plusieurs fois avec un regard des plus empathiques qui soient : “j’ai bien compris….j’ai bien compris” et a quitté ma chambre…

J’ai su peu après sa visite, que certains soins médicaux avaient été allégés…

Notre fort jolie Bérénice, car c’est vrai qu’au milieu de tous ces BB prématurés ,elle paraissait superbe…et puis elle avait de bien jolis traits en effet… est décédée mardi18 /10 au matin….2h30 après que je l’aie dessinée…j’étais remontée dans ma chambre….et tenais à être présente,à la tenir dans mes bras, à son dernier souffle….

On m’a téléphoné et j’ ai filé en service néo nat. pr pouvoir la prendre ds mes bras pour les dernières secondes qu’il lui restait à « vivre »….avant que la machine ne s’ arrête…Son coeur a fait qqes bradycardies ( rythme ralentissant par saccades) et la désaturation en oxygène s’est produite :….le pire de tous Mes instants ….!!….l’équipe de puéricultrices était là, le fabuleux chef de service pédiatre aussi pr me soutenir…. mon compagnon a pu arriver un peu plus tard, étant chez ns aupres de Dimitri alors… (il avait passé cette nuit aupres de Dimitri qui « saturait » ..attristé par nos absences…malgré tout ce que l’on avait pu lui dire,malgré la présence régulière de son papa,et l’ entourage affectueux de ma sœur cadette et mes beaux parents et malgré une ou deux visites qu’il m’avait rendu accompagné de son papa et sa tatie Cathy…………et ns sentions que cette nuit serait la dernière..)

C’est le CHAOS….la vie qui s’arrête ainsi….on ne peut imaginer que cela nous concerne jusqu’à ce que cela nous arrive.

Je suis chez nous depuis hier après midi(on m’a enlevé toutes les agrafes de la césa.)…. demain 20/10/05, Bérénice sera crématisée à 14h à Albi.(je ne peux supporter l’idée de la décomposition…) C’est un moment qui me terrorise vraiment….les liens charnels étant très très forts, tu le comprends…

Heureusement, je sais ,en tout cas pour le moment j’espère que je m’en sortirai…même si l’on n’efface jamais une telle Souffrance (Christophe et Dimitri aussi, je pense) pcq je VEUX revivre une grossesse avant mes 37ans..en tout cas,je l’espère de tout cœur..puisqu’ aucune anomalie génétique ou autre n’a été détectée!!), je suis bien entourée (mon compagnon et mon Dimitri étant là !)….mais pour l’heure…..

c’est le deuil…

et je n’aurais jamais cru en vivre un si tôt à même pas 34 ans….

Bérénice restera de toute évidence notre 2d enfant, notre fille….Si vous saviez comme elle était belle….avec des cheveux bruns……elle devait peser pres de 3kg600 et mesurait plus de 50cm !!

C’est si étrange de recevoir un acte de naissance et de décès à qqes jours pres….

Et le retour à la vie quotidienne est extrêmement difficile à vivre…mais ns devons ns y faire…ns continuons pr l’heure à rénover la cuisine, que ns comptions terminer avant l’arrivée de Bérénice… c’est notre projet à court terme, qui ns aide à tenir..et puis Dimitri est là HEUREUSEMENT ..pour nous rappeler « à l’ordre » ….à sa façon….

Aujourd’hui, 5mois après son court passage sur terre, la Vie continue… inextricablement liée à la Douleur. DEFINITIVEMENT.

J’ai appris à la canaliser de diverses façons : par la parole, l’écriture, la lecture. Ma fille cadette est en moi, comme une flamme, une FORCE inqualifiable. Elle grandit et m’aide à grandir. Je refuse de m’aigrir, pour donner vie à nouveau, pour elle, pour moi, pour mon fils Dimitri et pour mon compagnon, car, malgré tout, la VIE vaut la peine d’être donnée…d’être vécue.

J’ai pu, au fil de conversations mailées ou par le biais de forums spécialisés, entrer en contact avec des parents, des mères ayant vécu ce SI RARE ET SI GRAVE ACCIDENT.Cela m’a aidé dans mon cheminement de deuil et continuera à m’aider encore…Pour l’heure, je me vois contrainte d’attendre de reconcevoir un enfant car une analyse gynécologique a décelé des cellules atypiques, avec suspicion de lésion. J’attends d’en savoir plus dans les semaines à venir et décidément, je continue à espérer,car je souhaite donner naissance à un ou deux autres enfants après Bérénice. L’inquiétude est là mais dans la tourmente, je garderai espoir…un peu comme l’a fait Marie Christine du Ranquet, en souhaitant seulement ne plus vivre ce genre de Drame.

Merci de m’avoir lue.