A Arnaud

J’ai accouché d’Arnaud le 19 janvier 2004 à 7 mois 1/2 de grossesse, j’ai 28 ans et je m’appelle Stéphanie.

J’ai maintenant le courage de raconter mon histoire très pénible car j’ai perdu mon premier enfant le 19 janvier 2004. En effet au cours de la dernière échographie (celle de la 32 ème semaine) ma gynéco a découvert une asymétrie des ventricules cérébraux 10mm de chaque côté. Bien sûr l’angoisse déjà pour moi, mais elle ne avait rassuré en nous expliquant que c’est un cas fréquent qui arrive.

J’ai passé une IRM et le verdict est tombé : Arnaud avait une malformation.

Ma gynéco nous a convoqué (moi et mon mari), mon bébé avait “une agénésie du corps calleux”, une malformation très très grave, car il aurait était handicapé moteur et mental toute sa vie en plus il serait dans un centre spécialisé. Les médecins que nous avons vus à l’hôpital nous ont expliqué que notre décision était la meilleure, pour nous et surtout pour lui.

Nous étions effondrés, j’ai dû attendre 5 jours avant de faire l’IVG. La veille de mon entrée à la clinique j’ai du prendre un comprimé devant ma gynéco pour commencer le travail (ouverture du col, contraction …..) et le jour j est arrivé, mon mari était bien sûr avec moi, notre famille aussi,  et j’ai accouché par voie naturelle, on a provoqué l’accouchement dans l’attente et la douleur pour ne rien avoir au bout….. Je suis rentrée à 11h00 au bloc pour accoucher à 19h20. J’ai été endormie au moment de l’expulsion et mon mari est sorti du bloc. Arnaud pesait 2kg200 et mesurait environ 45cm. Ensuite nous l’avons vu, il était tellement beau avec son petit nez en trompette, je l’ai gardé dans mes bras pendant 5 mn je lui ai parlé, embrassé, touché (il avait la peau si douce)  et nous lui avons dit au revoir. Ma gynéco est venue le rechercher et nous a dit “il faut imaginer qu’il dort”. Je lui avais amené des habits qui d’ailleurs étaient un peu trop grands.

Nous ne voulions pas le voir et puis les médecins nous l’ont fortement conseillé, pour pouvoir faire le deuil et nous le regrettons pas (il le fallait). Maintenant nous gardons l’image de notre fils dans notre mémoire, et c’est ça le plus dur il était tellement beau qu’on imagine pas qu’il ait pu avoir cette malformation.

Nous avons eu les résultats de l’autopsie, un grand soulagement car le problème d’Arnaud était génétique mais pas héréditaire et aucune autre malformation était liée. Les mots du docteur étaient bien français ” C’est un coup de pas de chance”.

Je crois que le plus dur au monde est de perdre un enfant, (SON enfant) car Arnaud nous manque je pense à lui sans cesse, mais nous sommes forts car la vie continue, nous allons donner bientôt (j’espère) à notre fils, un frère ou une sœur.

En tout cas une chose est certaine pour faire le deuil de votre enfant il faut le voir, car il faut imaginer que c’est un petit ange qui dort. Je croyais que ça ne pouvait arriver qu’aux autres, mais surtout il ne faut jamais penser ça. Dieu nous a envoyé cette épreuve de la vie et ça nous a rapprochés avec mon mari.

Stéphanie, mars 2004