J’ai eu, le 7 avril 1989 après-midi, une hémorragie de Benckiser à J-7 de la date présumée de l’accouchement. Cela a été un véritable cauchemar…. Surtout lorsque l’on s’aperçoit que l’on ne perd pas de l’eau mais du sang bien rouge. Je ne savais pas quoi faire, j’étais seule. J’ai appelé le père de mon enfant et ma soeur qui a fait “l’ambulance”. Très fatiguée, je voulais quand même faire une toilette avant de partir. Il fallait prendre la valise. On a perdu du temps…. Il était environ 16 heures. Il y avait des embouteillages. Dans la voiture, je n’étais pas bien, je tenais mon ventre pour protéger mon bébé : il ne bougeait presque plus.
C’était un garçon : Alexandre. Mon premier enfant, (né sans vie). 2 kg 900, 51 cm.
Je n’ai jamais vu mon garçon. Pourtant je l’ai demandé, mais peut-être que je n’ai pas su insister auprès du personnel de l’hôpital. Je souhaitais même le voir le jour de son enterrement, soit 10 jours après sa naissance. Mais cela “n’était pas possible” selon les dires des personnes de l’amphi ; “Vous savez, Madame, m’a t-on dit, il n’est pas beau à voir”. Sur le moment, on ne peut ressentir qu’un dégoût par ce manque de psychologie. Mais je ne leur en veux pas.
Les seules personnes qui auront vu Alexandre sont ma mère et le père de mon enfant. Moi, je n’ai eu droit à rien, pas même une photo !
Depuis, j’ai eu deux filles : Alexandra qui est née le 21.11.90 et Maéva née le 29.7.94. J’ai donc eu trois césariennes. Une médiane (pour la césarienne d’urgence) et deux transversales pour mes filles (péridurale pour Alexandra et rachi-anesthésie pour Maéva).
Je repense épisodiquement, lorsque je ne vais pas bien, à ce vécu, cela fait 14 années. Mais on n’oublie jamais.
Nadine, 07/10/2003