Moi et ta maman Moufida, nous t’attendions avec espoir et amour.
Et la vie en a décidé autrement.
Nous avons dû prendre la douloureuse décision d’interrompre la grossesse. Tu avais une malformation, un spina bifida comme ils disent. Quelque chose qui fait que ton pronostic vital était engagé et qui t’aurait sinon handicapé toute ta vie.
Cette décision a été la plus dure de notre vie. Et pourtant nous avons du la prendre en urgence….car ta maman souffrait beaucoup…de savoir qu’elle ne pourrait pas te garder…et moi aussi.
Moi j’ai voulu à tout prix la protéger en essayant de lui dire que tu n’était pas encore viable et qu’il ne fallait pas te considérer comme un enfant…que tu ne pensais pas car tu était encore trop jeune.
Tous ces arguments que j’ai trouvé dans l’urgence, je n’y croyais qu’à moitié. bien sur…je cherchais des moyens pour la protéger.
Ensuite je l’ai aidé à accoucher avec de l’acupuncture que les sages femmes m’ont laissé faire. cela a un peu accéléré l’accouchement.
Et puis on nous a demandé si nous souhaitions te voir, un enterrement, un acte de décès. sur le coup nous étions tellement choqués, que j’ai pensé que ce serait renforcer notre peine. Nous n’avons pas eu la force de te voir et je sais aujourd’hui que nous aurions dû. Mais tu sais on ne fait pas toujours ce qu’il faut dans la panique et dans l’action. puis le temps a passé. Aujourd’hui cela fait plus de trois ou quatre mois. Je n’ai rien fait pour faire le deuil, mais je ne t’ai pas oublié. Je pense à toi très fortement ces jours et ma douleur de t’avoir perdu est réapparue.
Cette douleur m’a même fait oublié Moufida et a mis en péril notre couple.
J’ai voulu m’évader de ce couple, de ce traumatisme.
Mais la réalité me rattrape et tu me rattrapes mon petit.
Alors je veux te dire ceci :
je te demande pardon… et je t’aime…je te garderai toujours dans mon cœur.
Jérôme ton papa, juillet 2008