Deuil d’un jumeau

Le 13 février 2004, un colloque ayant pour sujet la mort périnatale d’un jumeau a été organisé par notre association, le Groupe d’Aide au Deuil Périnatal de Liège et le C.H.R. de la Citadelle de Liège.

 VIVRE L’UN SANS L’AUTRE …

La mort périnatale d’un jumeau, le 13 février 2004 – Lille

Statuette jumeau

Statuette destinée à remplacer le jumeau décédé auprès du survivant – Togo

Colloque organisé par

l’Association Vivre son Deuil Nord Pas-de-Calais

Le Groupe d’Aide au Deuil Périnatal de Liège

Le C.H.R. de la Citadelle – Liège

Les impacts du décès périnatal d’un enfant auprès de ses parents et de sa famille sont de plus en plus reconnus. Un accompagnement respectueux de l’enfant, favorisant la reconnaissance de ses parents dans leur statut de parents, apparaît comme une démarche préventive de premier plan pour l’avenir de la famille.

Quand la grossesse est gémellaire, le décès d’un des bébés confronte les parents, et l’enfant vivant, à un double mouvement : investir la vie avec l’enfant qui est là, vivre la mort de celui qui n’est plus. Les médecins et les soignants sont eux aussi face à des choix difficiles : quand et comment intervenir pour préserver les chances de mener à terme un des bébés, comment accompagner ces parents sur ce chemin de vie et de mort ?

Ce colloque sera l’occasion de discuter les pratiques en œuvre dans les centres spécialisés et de présenter une recherche anthropologique sur le ressenti des familles endeuillées.

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Modération de la matinée:

J.P. SCHAAPS, Obstétricien, Professeur, Faculté de Médecine- Univ. de Liège, C.H.R. de la Citadelle

9h45 : Accueil des participants

10h00 : Allocutions d’ouverture

M. DUMOULIN, Présidente de Vivre Son Deuil Nord Pas-de-Calais

K. TAECKENS, Responsable « Deuil Périnatal », VSD Nord Pas-de-Calais

B. FOHN, Animateur du Groupe d’Aide au Deuil Périnatal, C.H.R. Liège

Compte-rendu du colloque de Lille, le 13 février 2004

Une vingtaine d’intervenants et prés de deux cents participants (de nombreux parents endeuillés et des soignants) étaient présents à ce colloque. Celui-ci a posé la problématique du deuil périnatal d’un jumeau sur les plans médical, psychologique, légal, tout en se préoccupant des ressentis possibles mais non exhaustifs du jumeau vivant, du parent et du soignant. Ce colloque n’avait pas comme prétention d’apporter la VERITE mais plutôt des perspectives, afin que soignants et parents, à défaut de parler le même langage, puissent mieux se comprendre.

Ce compte rendu ne se veut pas être un résumé. Il reprend simplement quelques ressentis définis par les intervenants.

Quand la mort d’un jumeau intervient, Enfant(s), Parent(s) et Famille élargie se trouvent face à un deuil particulier car il faut à la fois investir la vie avec l’enfant qui est là, vivre la mort de celui qui n’est plus et parce que le jumeau qui meurt ne disparaît jamais tout à fait.

Pour l’enfant, perdre son jumeau, c’est la perte d’une relation intra utérine, c’est une. Il devient le jumeau solitaire. Quelles traces peut avoir cette absence ? Il peut être confronté à une ambivalence : joie d’être en vie, tristesse de l’absence (présente à chaque événement de vie). Il est confronté à la mort de l’autre et renvoyé à sa propre mort. Est-il complet quand il est seul ou quand il est double ? Il peut se sentir coupable d’exister, de vivre en sursis. Perdre son jumeau n’est pas une maladie mais un événement de vie, un événement de vie fondateur, qu’il lui faudra dépasser.

Pour le parent, perdre un jumeau, c’est faire le deuil du prodige de la gémellité. C’est éprouver à la fois un immense bonheur de porter et de donner la vie et l’immense douleur de porter la mort. C’est aussi peut être du ressentiment, de la crainte et de la culpabilité face à la blessure de l’enfant vivant. Le jumeau solitaire préoccupe. Le décès du jumeau fait craindre le pire pour celui qui reste, peur d’une malédiction. Loin de s’estomper, l’image du jumeau décédé se réactualise au fur et à mesure des évènements de vie du jumeau vivant, qui devient un témoin permanent.

Mais le Temps apaise la douleur et “Il ne faut pas oublier que la VIE reste toujours possible” conclura un des intervenants.

Le actes de ce colloque seront bientôt disponibles sur papier. Il suffit de le demander à Vivre son deuil Nord-Pas de Calais, Home des infirmières, 5 avenue Oscar Lambret 59037 Lille Cedex (tel:03 20 88 73 46)

Je remercie tous les intervenants et particulièrement Maryse DUMOULIN qui est à l’initiative de cette journée très intéressante et qui n’a pas été sans provoquer beaucoup d’émotions notamment pour le parent endeuillé que je suis.

Chantal RUAUD